
Atelier philo: A-t-on toutes et tous les mêmes chances de réussir?
L'égalité des chances est un enjeu fondamental dans notre société, mais de nombreux groupes font face à des obstacles systémiques qui limitent leurs opportunités. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont confrontés à diverses inégalités, que ce soit à l'école, dans leur communauté ou à travers les médias. Ces disparités ont un impact durable sur leurs perspectives d'avenir et leur capacité à réaliser pleinement leur potentiel.
Bien que des progrès aient été réalisés, plusieurs groupes continuent de faire face à des barrières. Les filles et les femmes rencontrent encore des obstacles dans l'accès à l'éducation et à certaines carrières, notamment dans les domaines scientifiques et technologiques. Les populations autochtones, quant à elles, font face à des défis particuliers liés à l'accès aux services de base, à la préservation de leur culture et à la reconnaissance de leurs droits. De plus, les enfants issus de milieux économiquement précaires ont souvent un accès limité aux ressources éducatives et aux opportunités d'enrichissement culturel.
Dans le monde du travail et de l'éducation, ces inégalités persistent. Les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes et sont sous-représentées dans les postes de direction. Les autochtones font face à des taux de chômage plus élevés et à des difficultés d'accès à l'éducation supérieure. Les enfants de familles à faible revenu ont souvent moins accès aux activités parascolaires, aux voyages éducatifs et aux ressources technologiques, ce qui peut limiter leur développement et leurs futures opportunités.
Cette activité vise à sensibiliser les élèves à ces diverses formes d'inégalités et à les encourager à réfléchir de manière critique sur leurs causes et leurs conséquences. En explorant ces questions, les élèves développeront une meilleure compréhension des défis auxquels sont confrontés différents groupes dans leur quête d'égalité des chances. Vous pourrez donc stimuler chez eux une réflexion approfondie sur la façon dont nous pouvons toutes et tous contribuer à créer une société plus équitable, où chacun et chacune a véritablement les mêmes opportunités de réussir, indépendamment de son genre, de son origine ou de sa situation économique.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 50 minutes
Déroulement
Lire les deux textes suivants: «Plus de 100 000 enfants en attente d’aide» et «Filles de science: elles nous font voir les étoiles».
Après la lecture des articles, amenez les élèves à identifier les différents facteurs qui peuvent créer des inégalités dans les situations présentées. Guidez la discussion avec des questions comme:
- Pourquoi y a-t-il moins de filles qui choisissent des carrières scientifiques?
- Comment se fait-il que certains enfants doivent attendre aussi longtemps pour recevoir de l'aide?
- Quelles différences observez-vous entre la situation des enfants autochtones et celle des autres enfants?
Demandez-leur ensuite de formuler, en petite équipe, une question philosophique.
Les critères d’une telle question sont simples:
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous:
- Que signifie «réussir»? Est-ce la même chose pour tout le monde?
- Pourquoi certaines personnes semblent-elles avoir plus de facilité à réussir que d'autres?
- Est-ce que le lieu où l'on naît influence nos chances de réussite? Pourquoi?
- Peut-on réussir sans l'aide des autres? Quel rôle joue l'entourage dans la réussite?
- Les filles et les garçons ont-ils vraiment les mêmes opportunités dans tous les domaines?
- Est-ce que l'argent est nécessaire pour réussir? Peut-on réellement réussir sans être riche?
- Comment la société pourrait-elle aider ceux qui ont moins de chances au départ?
- Si on pouvait échanger sa vie avec quelqu’un de moins favorisé que nous pendant une journée, est-ce qu'on comprendrait mieux pourquoi certains réussissent et d'autres pas?
- Est-ce que travailler dur garantit toujours la réussite? Pourquoi ou pourquoi pas?
- Que dirais-tu à quelqu'un qui pense qu'il n'a aucune chance de réussir?
- Les échecs peuvent-ils nous aider à réussir? Comment?
- Si tout le monde avait exactement les mêmes chances, le monde serait-il meilleur?
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
Pour aller plus loin, voici consultez nos ressources vidéos «Faire de la philo avec les enfants» et «La philosophie comme moyen d'aborder les sujets sensibles».

Liens avec le programme de Culture et citoyenneté québécoise
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5e année: Quête de sens - Penser sa vie - Attentes pour l'avenir
En discutant des inégalités actuelles, l'activité amène les élèves à réfléchir sur leurs attentes pour l'avenir et sur le type de société qu'ils souhaitent construire. Cela les encourage à développer une vision critique et constructive de leur futur rôle en tant que citoyennes et citoyens. -
6e année: Quête de sens - Penser sa vie - Réussite et adversité
Cette activité permet d'explorer les concepts de réussite et d'adversité à travers les expériences des femmes en sciences et des enfants en attente d'aide. Elle encourage les élèves à réfléchir sur ce que signifie réussir dans différents contextes et comment surmonter les obstacles.
Développement de compétences transversales:
- L'examen des points de vue: identifier des divergences, comparer des idées sur l'égalité des chances
- La pensée critique: remettre en question ses propres idées et les normes sociales concernant les inégalités
- Le dialogue: échanger des idées dans un esprit de respect et d'ouverture, en considérant des réalités différentes des nôtres
- La conscience de soi et des autres: développer une meilleure compréhension des privilèges et des désavantages que différentes personnes peuvent vivre dans notre société.
Réalisé avec le soutien du