Atelier philo: Que pouvons-nous face aux feux de forêts?
Il y a peu, deux de nos collègues ont abordé la thématique des feux de forêts. Dans une vidéo, Mélanie nous explique pourquoi ces incendies se produisent et comment ils relèvent progressivement d’une «nouvelle normalité», à l’ère de la crise climatique. Notre collègue Clémence, quant à elle, nous entretient de la préparation réalisée par les pompiers pour affronter les feux à venir.
Ces deux ressources me semblent être une belle occasion de réfléchir à la question de la responsabilité. En effet, au-delà des feux de forêts, les élèves peuvent trouver de nombreux exemples dans le monde d’aujourd’hui d’événements face auquel se pose la question de leur responsabilité. Autrement dit, il leur est possible de réfléchir à un triangle qui caractérise nombre de situations à cet égard : prendre conscience – vouloir agir – pouvoir agir.
Avec cette activité, vous aurez donc l’occasion de dialoguer autour du thème de la responsabilité, de s’interroger sur les liens qui nous unissent à la nature et à quelques-uns des enjeux que cela soulève: engagement, écoresponsabilité, avenir, choix collectifs, solidarité, liberté, compromis, etc. De cette manière, en les réhabilitant dans leur pouvoir de penser ces questions, vous leur montrerez que cela leur redonne également un pouvoir d’action, à petite et grande échelle.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 50 minutes
Consigne
Faire voir à vos élèves la vidéo «Pourquoi les forêts brûlent-elles?» et faites-leur lire le texte «Feux de forêt: Les pompiers sont prêts!». Demandez-leur ensuite de formuler, par petite équipe de deux, une question philosophique sur ce sujet.
Les critères d’une telle question sont simples :
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule « bonne » réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.e.s de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous.
- Que signifie le mot «responsabilité»?
- A quel âge devient-on responsable?
- Y a-t-il des «petites» et des «grandes» responsabilités?
- En quoi sommes-nous tous et toutes concerné.es par les incendies de forêts?
- Pourquoi on est parfois touché par des situations que subissent des gens qu’on ne connaît pas et qui vivent parfois loin de chez nous?
- En quoi sommes-nous tous et toutes concerné.es par certains événements, même s’ils ont lieu loin de chez nous?
- Comment apprend-on à prendre conscience de ce qui se passe autour de nous?
- C’est quoi la différence entre voir et comprendre?
- C’est quoi la différence entre savoir et comprendre?
- Changer ses habitudes, est-ce facile?
- Pourquoi il n’est pas toujours évident de faire ce qu’on sait qu’il est mieux de faire?
- Comment faire pour cultiver notre pouvoir de changer les choses?
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
Comme nous l’évoquions dans un des derniers ateliers philo, portant sur la question «La nature a-t-elle des droits?», le programme de CCQ prévoit explicitement d’aborder les relations entre les humains et leur environnement. S’agissant de la question de notre responsabilité face aux feux de forêts qui tendent à se multiplier, un continuum pédagogique se déploie tout au long du primaire, en progressant au gré de différents enjeux adaptés à l’âge des élèves :
- En première année, les êtres vivants autour de soi et les besoins de ceux-ci
- En deuxième année, les rôles des autres êtres vivants dans la vie des humains
- En troisième année, la relation avec la nature et les manières d’habiter le territoire
- En quatrième année, les pratiques écologiques
- En cinquième année, les choix collectifs d’avenir
- En sixième année, les mouvements environnementaux
Réalisé avec le soutien du