Atelier philo: La nature a-t-elle des droits?
Récemment, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Marine Calmet, une avocate française qui défend les droits de la nature. Voici l’article qui a été publié suite à cette entrevue.
Ce que cette avocate à la pratique atypique met en lumière nous offre une opportunité précieuse: celle de réfléchir avec nos élèves aux «lunettes» que nous utilisons pour regarder la nature, les écosystèmes et les êtres vivants qui nous entourent. Ce faisant, il est possible, dans le contexte scolaire, d’inviter les élèves à déplier les multiples questions qui renvoient à cet enjeu que soulève Marine Calmet : De qui (et de quoi) sommes-nous les gardiens lorsque nous souhaitons défendre la nature ?
Type de tâche : Atelier philo
Durée approximative : 50 minutes
Avec cette activité, vous aurez donc l’occasion de dialoguer avec vos élèves sur ce sujet qui peut parfois leur paraître lointain, complexe ou abstrait, mais qui fait indéniablement partie de leur vie aujourd’hui. En leur donnant des outils relevant du dialogue et de la pensée critique, vous leur permettrez de prendre conscience que les enjeux écologiques et climatiques relèvent aussi de leur responsabilité, individuelle et collective. Et qu’il n’est pas inéluctable de l’aborder uniquement sous l’angle de la peur ou de l’impuissance. Mais au contraire qu’il s’agit d’un sujet sur lequel ils et elles peuvent reprendre prise.
Consigne
Faire lire à vos élèves le texte «Avocate à la défense de la nature». Demandez-leur ensuite de formuler, par petite équipe de deux, une question philosophique sur ce sujet.
Les critères d’une telle question sont simples:
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous.
- Comment définir la nature?
- Comment définir ce qu’est un être vivant?
- Tous les êtres humains ont-ils les mêmes droits?
- Tous les êtres vivants ont-ils des droits?
- Pourquoi tous les êtres vivants n’ont-ils pas les mêmes droits que les êtres humains?
- Même si elle ne parle pas, la nature s’exprime-t-elle d’une autre manière?
- Est-il possible d’entendre ce que la nature exprime, même si nous ne parlons pas sa langue?
- S’engager au quotidien pour la défense de la nature, ça veut dire quoi?
- Quelle est la différence entre des « petits » et des « grands » engagements?
- Quand on est habitué à voir les choses d’une certaine manière, est-ce facile d’adopter une nouvelle manière de les voir?
- Aime-t-on toujours le changement?
- A quoi servent les règles et les lois?
- Les règles et les lois peuvent-elles évoluer?
- Dans la vie, en quoi dépendons-nous les uns des autres?
- Dans la vie, en quoi dépendons-nous de la nature?
- Comment peut-on développer notre empathie vis-à-vis des autres et de notre environnement?
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
La question des relations entre les humains et leur environnement figure en bonne place dans le programme de CCQ. Dans le thème «relations entre humains et environnement», les élèves réfléchissent aux relations que les humains entretiennent avec l’environnement et aux actions qui peuvent favoriser sa préservation. La progression des enjeux qui y sont associés se décline dans le rapport aux êtres vivants (au 1er cycle) aux milieux de vie (au 2e cycle) pour enfin faire place (au 3e cycle) aux réflexions relatives à la transition écologique.
Réalisé avec le soutien du