Atelier philo: Pourquoi est-ce parfois important de prendre des risques?
À la fin du mois de janvier, la Société Canadienne de Pédiatrie a publié une recommandation relative au jeu libre et risqué. Elle y met en avant les bienfaits, pour le développement des enfants, de davantage pratiquer des activités associées à certains risques: grimper dans les arbres, faire du vélo à grande vitesse, se chamailler, jouer à proximité du feu ou de l’eau ainsi qu’explorer les aires de jeu, les quartiers ou les bois sans la supervision d’un adulte, ou avec une supervision limitée. Elle estime que les avantages du «jeu risqué» surpassent les risques de blessures.
Dans un article à ce sujet, notre collègue Lysiane nous explique en quoi consiste ce jeu risqué et les raisons pour lesquelles il est essentiel dans la vie des enfants. Au début de cette année scolaire, notre collègue Caroline parlait également des zones de chamaillage, qui renvoie à des enjeux semblables.
Par cette activité, dans un cadre structuré et régulé, vous aurez l’occasion de dialoguer avec vos élèves sur ce sujet qui n’est étonnant qu’en apparence: l’importance de prendre des risques.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 60 minutes
Consigne
Faites lire à vos élèves l’article «Papa, maman, laissez-moi prendre des risques!», de notre collègue Lysiane, ainsi que l’article «Pour ou contre les zones de chamaillage à l'école?», de notre collègue Caroline.
Demandez-leur ensuite de formuler, par petite équipe de deux, une question philosophique qui renvoie, directement ou indirectement, au thème du risque.
Les critères d’une telle question sont simples :
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question complexe qui les concerne - et souvent les fragilise - toutes et tous.
- Peut-il être dangereux de ne jamais prendre de risques?
- Pourquoi est-ce parfois important de prendre des risques?
- Que peut-on apprendre en prenant des risques?
- Quelle est la différence entre des «petits» et des «grands» risques?
- Quelle est la différence entre des «bons» et des «mauvais» risques?
- Quelle est la différence entre «prendre des risques» et «être imprudent»?
- Quelle est la différence entre «prendre des risques» et «être inconscient»?
- Quelle est la différence entre un risque «calculé» et un risque «imprévu»?
- Est-il possible de grandir sans prendre des risques?
- Est-il parfois inévitable de prendre des risques?
- Existe-t-il de beaux risques?
- Peut-on apprendre à prendre des risques?
Liens avec le programme
S’agissant d’une notion peu courante, elle ne figure pas comme telle dans le programme du cours de CCQ. Toutefois, lorsqu’on examine celui-ci, on constate que la notion de risque est présente en lien avec deux thématiques importantes, mais spécifiques : la prévention des agressions sexuelles (en 3e année) et les risques associés à la sociabilité en ligne (en 6e année).
Quant à la notion de jeu, on la retrouve abordée uniquement en 3e année, dans la thématique de l’inclusion et de l’exclusion, sous l’angle de la ségrégation de genre dans les jeux.
Cette recommandation de la Société Canadienne de Pédiatrie peut dès lors constituer une opportunité précieuse d’aborder, avec vos élèves, les enjeux des risques de façon plus large. En effet, le développement des enfants et leur apprentissage de l’autonomie les confronte régulièrement à la prise de risque, à la fois en termes physiques, psychologiques et relationnels.
Prendre le temps avec eux de dialoguer et d’interroger des situations qui les concernent – et parfois les interpellent – à cet égard peut donc être judicieux. Vos élèves pourront en effet développer un regard et des comportements plus opportuns en la matière, en prenant conscience de l’importance des points d’équilibre à trouver entre prudence et audace.
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait ?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose : il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme : définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent tous et toutes.
Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
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