Atelier philo: Jouer, un besoin d’enfant ou d’humain?

Publié le 15 février 2025 à 06h10

Dans notre société, le jeu est souvent perçu comme une activité propre à l'enfance. Les cours de récréation, les parcs et les maisons ne sont-il pas souvent remplis d’enfants occupés à jouer? Mais qu'en est-il des adultes? Cette activité vous propose de plonger avec vos élèves au cœur de cette question, en comparant les façons de jouer des enfants et des adultes. Vous les amènerez d’abord à réfléchir aux fonctions et à l’importance du jeu dans nos vies. Puis, ce sera l'occasion de dépasser les idées reçues et amener vos élèves à analyser pourquoi certaines activités suscitent l'amusement tandis que d'autres peuvent sembler rébarbatives.

Le jeu est en effet bien plus qu'un simple divertissement. Il est un moteur d'apprentissage, de développement social et émotionnel. Les enfants apprennent en jouant, ils explorent le monde qui les entoure, ils développent leur créativité, leur confiance en soi et leurs compétences sociales. Mais les adultes peuvent-ils aussi bénéficier des bienfaits du jeu? Nous sommes souvent tentés de croire que les enfants jouent et que les adultes sont sérieux. Mais est-ce toujours vrai? Et si le jeu était une activité essentielle pour tous les âges? En travaillant sur cette question, vous inviterez vos élèves à mettre à l'épreuve leurs préjugés sur le jeu et, qui sait, à le considérer d'une façon nouvelle et éclairée.

Cette activité vise donc à déconstruire les idées préconçues sur le jeu et à examiner la manière dont, sous toutes ses formes, il contribue au développement de l'individu, en stimulant l'imagination, la créativité, les habiletés sociales et la résolution de problèmes. Et en soulignant aussi qu’il est un espace de liberté, d'expérimentation et de plaisir, qui a sa place dans la vie de chacun, enfant ou adulte!

Type de tâche: Atelier philo

Durée approximative: 50 minutes

Déroulement

Lire les deux textes suivants: «Il est une fois: Barbie au musée» et «Son métier: faire des méga créations en blocs de construction!». Ces deux articles racontent l’histoire de deux adultes dont la passion d’enfance est devenue centrale dans leur vie.

Proposez ensuite aux élèves de faire deux listes: une avec des jeux typiques d’enfants et une autre avec des jeux typiques d’adultes.

Demandez-leur ensuite de formuler, en petite équipe, une question philosophique.

Les critères d’une telle question sont simples:

elle doit être ouverte
elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
elle doit pousser à la réflexion
elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).

En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.

Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.

En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous:

Qu'est-ce qui fait qu'une activité peut parfois devenir un jeu amusant au lieu d'être juste une tâche ou une corvée?

Pourquoi les enfants ont-ils autant besoin de jouer? Est-ce que les adultes ont autant besoin de jouer, ou alors d'une autre façon?

Est-ce que jouer, c'est une perte de temps, ou est-ce que c'est important?

Comment est-ce différent de jouer tout seul ou avec des amis? Qu'est-ce qu'on apprend dans les deux cas?

Y a-t-il des façons d'être juste ou injuste quand on joue?

Est-ce que tricher, c'est toujours mal?

Perdre au jeu est-ce que ça s’apprend?

Est-ce qu'on peut vraiment apprendre des choses en jouant? Comment?

Qu'est-ce qu'on apprend quand on joue, et est-ce que c'est différent de ce qu'on apprend en classe?

Est-ce que les jeux d'aujourd'hui sont vraiment différents des jeux de nos parents ou grands-parents?

Pourquoi les adultes ne jouent-ils pas autant que les enfants?

Les adultes devraient-ils plus souvent jouer comme les enfants?

La philo: comment on fait?

Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.

Pour aller plus loin, voici consultez nos ressources vidéos «Faire de la philo avec les enfants» et «La philosophie comme moyen d'aborder les sujets sensibles».

Liens avec le programme de Culture et citoyenneté

Cette activité s'inscrit directement dans les visées du programme de CCQ en amenant les élèves à réfléchir sur l'importance des relations sociales, des normes sociales et des droits et responsabilités liés au jeu.

En 2e année: La discussion sur les différences entre les jeux d'enfants et d'adultes permet d'aborder la question de l'importance des règles, de la coopération et du respect des autres dans les relations sociales;
En 3e année: La réflexion sur les "bons" et les "mauvais" jeux peut amener les élèves à s'interroger sur les normes sociales qui régissent les pratiques de jeu et sur la manière dont celles-ci peuvent varier d'une culture à l'autre. En outre, la notion de jeu est abordée dans le programme de 3e année, sous l'angle de la ségrégation de genre dans les jeux;
En 4e année: La discussion sur les jeux d'aujourd'hui et d’hier peut permettre d'aborder la question des inégalités d'accès aux différentes formes de jeu, en fonction du genre, de la situation socio-économique ou d'autres facteurs;
En 6e année: La réflexion sur la place du jeu dans la vie de chacun peut amener les élèves à s'interroger sur la notion de droit au jeu et sur les enjeux éthiques liés à la commercialisation du jeu.

Réalisé avec le soutien du