Atelier philo: Qu’est-ce qui définit la personne qu’on est?
Même si Paul Houde est d’une génération que n’ont pas connue les élèves d’aujourd’hui, le magnifique portrait de cet homme me paraît néanmoins être une opportunité d’examiner avec eux une thématique importante: l’identité. Il s’agit en effet d’un enjeu majeur que de savoir comment on devient qui on est, avec le cortège de questions qui en découlent.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 50 minutes
Récemment, notre stagiaire Siméon nous a parlé de Paul Houde qui nous a quittés à 69 ans. Son article, à l’instar de la couverture médiatique de ce décès, a mis en évidence à quel point Paul Houde était une personne aux multiples facettes. Au-delà de sa notoriété, il a en effet excellé dans différents métiers et témoigné de plusieurs qualités, professionnellement et humainement.
Même si Paul Houde est d’une génération que n’ont pas connue les élèves d’aujourd’hui, le magnifique portrait de cet homme me paraît néanmoins être une opportunité d’examiner avec eux une thématique importante: l’identité. Il s’agit en effet d’un enjeu majeur que de savoir comment on devient qui on est, avec le cortège de questions qui en découlent: quel est la part de l’inné et de l’acquis? Quel est le rôle de l’éducation? Préfère-t-on ressembler aux autres ou être différent d’eux? Peut-on apprendre à s’aimer soi-même? L’identité est-elle une chose fixe ou dynamique? Ou encore quelle est l’influence de l’environnement sur qui on est?
Avec cette activité, vous aurez donc l’occasion de dialoguer avec vos élèves sur cette grande question philosophique. En leur donnant des outils relevant du dialogue et de la pensée critique, vous leur permettrez de prendre conscience que, même s’il y a de multiples défis qui les attendent dans le développement de leur identité, il peut s’agir d’une aventure exaltante plutôt qu’angoissante!
Consignes
Faire lire à vos élèves le texte «La grande carrière de Paul Houde». Demandez-leur ensuite de formuler, par petite équipe de deux, une question philosophique sur ce sujet.
Les critères d’une telle question sont simples:
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment ! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous.
- Comment sait-on qui on est?
- Notre identité, est-ce quelque chose de fixe ou qui évolue avec le temps?
- Est-ce qu'une personne peut changer avec le temps et être toujours la même personne?
- Qui décide de qui nous sommes: nous ou nos parents?
- Être soi-même, est-ce facile ou difficile?
- Pour faire partie d’un groupe, est-on parfois amené à «ajuster» certaines facettes de notre identité?
- Pour être accepté par nos amis, est-on parfois amené à «ajuster» certaines facettes de notre identité?
- Qu'est-ce qui rend chaque personne unique?
- Si tu pouvais être quelqu'un d'autre, le ferais-tu? Pourquoi ou pourquoi pas?
- Une personne peut-elle avoir plus d'une identité?
- Comment faire pour devenir la meilleure version de nous-mêmes?
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
Le concept d’identité est au cœur du programme de CCQ. Celui-ci prévoit logiquement une progression dans l’apprivoisement des enjeux multiples gravitant autour de la conscience de soi et de la construction identitaire, en mettant l'accent sur la connaissance de soi, la perception de soi et finalement l'exploration de l'identité dans ses différentes dimensions culturelles et sociales.
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