Atelier philo: la gestion du stress
Il arrive souvent que le stress soit surtout ressenti et perçu négativement, comme étant source d’anxiété, de mal-être ou d’impuissance. Alors que, si l’on prend le temps d’y réfléchir, on peut apprendre à le percevoir positivement, comme une source de motivation, d’effort et de dépassement.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 50 minutes
Grâce à notre collaboratrice Lysiane, nous avons pu récemment suivre les championnats du monde de patinage artistique, qui avaient lieu à Montréal. Dans un de ses articles, elle a notamment parlé avec Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps, ainsi qu’avec Kelly-Ann Laurin et Loucas Éthier, qui représentaient le Canada dans cette compétition. Elle souhaitait savoir comment elles et ils géraient leur stress, dans un événement sportif où les enjeux sont si importants.
La vie dans la société actuelle entraîne son lot de préoccupations pouvant générer du stress:
- Obéir aux valeurs de performance et de réussite
- Accorder de l’importance au bonheur ou à l’accomplissement de soi
- Répondre à notre besoin de reconnaissance
- Construire une confiance en soi solide, stable et durable
Il arrive souvent que le stress soit surtout ressenti et perçu négativement, comme étant source d’anxiété, de mal-être ou d’impuissance. Alors que, si l’on prend le temps d’y réfléchir (en prenant un peu de recul), on peut apprendre à le percevoir positivement, comme une source de motivation, d’effort et de dépassement. Les artistes de théâtre ou de danse, par exemple, utilisent le terme de trac, qui recouvre une gamme d’émotions positives, comme la fébrilité, l’enthousiasme ou l’adrénaline qui les habitent avant de monter sur scène et d’aller à la rencontre de leur public!
Avec cette activité, vous aurez donc l’occasion de dialoguer avec vos élèves sur ce sujet qui fait certainement partie de leur vie scolaire, mais aussi familiale et relationnelle. En leur donnant des outils relevant du dialogue et de la pensée critique, vous leur permettrez de prendre conscience que le stress n’est pas une fatalité et qu’il existe des stratégies, des leviers et des points d’appui pour l’apprivoiser. Et que grâce à ceux-ci, ils seront capables de l’accueillir, de reprendre prise et de reprendre pied quand il surviendra.
Consigne
Faire lire à vos élèves le texte «Les trucs des patineurs pour gérer le stress» de notre collègue Lysiane. Demandez-leur ensuite de formuler, par petite équipe de deux, une question philosophique sur ce sujet.
Les critères d’une telle question sont simples :
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule « bonne » réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment ! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous.
- Comment définir le stress?
- Comment faire la différence entre le stress et l’anxiété?
- Comment faire la différence entre le stress et la pression?
- Quelle est la différence entre un «petit» stress et un «grand» stress?
- Quelle est la différence entre du «bon» stress et du «mauvais» stress?
- Sommes-nous égaux face au stress?
- Ce serait quoi le contraire du stress?
- Quelle est la différence entre accepter le stress et le combattre?
- Quand on stresse parce qu’on a peur d’échouer, comment apprendre à ne pas être obsédé par le résultat? Mais à se concentrer aussi sur ce qu’on peut apprendre en cours de route?
- Comment peut-on apprendre à éviter le stress avant qu’il nous submerge?
- Comment peut-on apprendre à reprendre du pouvoir sur son stress?
- Comment peut-on apprendre à bien gérer son stress?
Si le concept de stress ne figure pas explicitement au programme de CCQ, on retrouve néanmoins une thématique qui y est intimement liée : celle de l’appartenance culturelle et des enjeux liés aux différents groupes dans lesquels évoluent les élèves. L’objectif est d’observer que le sentiment d’appartenance peut être variable selon les contextes et les groupes. Comme l’indique le programme, l’héritage culturel, par exemple, joue un rôle important dans le sentiment d’appartenance, notamment dans le contexte du Québec. À une échelle plus proche d’eux, les élèves examinent comment les groupes génèrent des normes qui peuvent entraîner différents types de pressions (négatives ou positives) sur les personnes. Dans ce contexte, ils peuvent aborder les phénomènes de la popularité et des effets de mode qui existent au sein des groupes. En outre, interroger le stress en lien avec les pressions sociales et le sentiment d’appartenance peut également être l’occasion d’établir des liens entre les normes et les inégalités de sexe et de genre.
En 6e année, le programme de CCQ évoque également le sujet des modèles de vie. Plusieurs enjeux sont mis en avant à cet égard : la diversité des modèles de vie, les valeurs véhiculées par différents modèles (performance, mise au service de soi et/ou au service des autres, le dépassement individuel, etc.). Comme évoqué ci-dessus, il semble évident que les notions de performance et de dépassement peuvent être associées à la question du stress. Qu’on soit dans le contexte sportif ou scolaire, le stress peut en effet résulter du rapport qu’entretiennent les élèves avec les attentes en matière de réussite, d’effort ou d’accomplissement de soi.
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
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