Atelier philo: Des villages qui sont des attractions touristiques
Beaucoup d’êtres humains aiment voyager. Se rendre dans d’autres endroits que ceux où on habite est en effet une expérience excitante : on y découvre d’autres paysages, d’autres façons de vivre ou de manger par exemple. Toutefois, il peut être utile de parfois se poser certaines questions. Car être un touriste ne signifie pas pour autant qu’on puisse se comporter à l’étranger comme si on était dans un parc d’attractions ou dans un zoo.
Notre stagiaire Renaud Vaillancourt, qui était récemment en Thaïlande (un pays d’Asie), a publié un article sur un village qu’il a visité. Les femmes qui y vivent sont surnommées « les femmes girafes », car elles portent de nombreux colliers dorés. Son article offre une opportunité de faire réfléchir vos élèves à des questions importantes, mais auxquelles il n’y a pas une seule bonne réponse. Des questions qui, en plus, soulèvent des dilemmes. Un dilemme c’est une situation dans laquelle on est obligé.e de choisir entre deux alternatives qui comportent, l'une et l'autre, des inconvénients.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 45 minutes
L’école est un endroit idéal pour cultiver et développer la capacité à l’esprit critique de vos élèves. Même si certaines questions sont complexes, les enfants sont capables de penser par eux-mêmes et aiment qu’on stimule leur réflexion. Voici une activité permettant à vos élèves de développer leur capacité au dialogue et à la réflexion. Par la même occasion, vous pourrez déployer des compétences relevant du cours de culture et citoyenneté québécoise.
Pour commencer, invitez-les à lire l’article «Pour ou contre : des villages qui sont des attractions touristiques». Demandez ensuite aux élèves de formuler par groupe de 2 une question philosophique que leur inspire cet article.
Les critères d’une telle question sont simples :
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule « bonne » réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de « trouver la bonne réponse » ni de « convaincre les autres de penser comme nous ». Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui peuvent être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de les utiliser évidemment ! Elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à développer leur intelligence émotionnelle.
- Faire du tourisme, est-ce une possibilité pour tous les êtres humains ?
- Y a-t-il une différence entre faire du tourisme, voyager et explorer ?
- Est-il possible de différencier un « bon » et un « mauvais » tourisme ?
- Y a-t-il des différences entre être un•e touriste dans des pays plus « riches » et dans des pays plus « pauvres » ?
- A-t-on le droit de prendre ce qu’on veut/qui on veut en photo quand on est en voyage ?
- Quand on voyage, certaines traditions d’autres pays peuvent-elles être étonnantes ou choquantes pour nous ?
- Si le tourisme permet à certaines personnes de gagner de l’argent pour vivre (ou survivre), y a-t-il néanmoins des limites à ce qu’on devrait accepter de faire en tant que touriste vis-à-vis d’elles ?
- Y a-t-il des attitudes qu’on devrait éviter en tant que touriste quand on est dans un autre pays ?
- Comment faire pour que le tourisme n’ait pas comme conséquence d’exploiter des gens vulnérables ou d’exploiter la nature ?
- Peut-on apprendre à devenir « de mieux en mieux » touriste ?
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme : définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer : reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentés comme « l’évidence », le « gros bon sens » ou « ce que tout le monde sait ».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent tous et toutes.
- Une chose essentielle : on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont « bonnes », définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
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