
Des canettes et des bouteilles pour acheter une propriété
Élyse Gamache-Bélisle veut acheter une maison ou un immeuble dans son quartier à Montréal. Pas facile avec le prix des logements qui augmente! C’est pourquoi elle a lancé, il y a maintenant plus de deux ans, Projet Mise de fonds, qui implique… des canettes et des bouteilles vides! On te présente Élyse et son projet!
Pourrais-tu nous expliquer ce qu’est le Projet Mise de fonds?
Mon projet est avant tout un projet humain. J’ai envie de faire parler de la crise du logement avec cette idée complètement absurde. En gros, j’ai décidé de ramasser des canettes et des bouteilles vides et de les consigner. J’accumule l’argent des consignes pour me faire une mise de fonds. En tout, je veux accumuler 115 000 $. L’objectif final est d’acheter une propriété pour moi et ma famille, mais aussi une propriété qui pourra éventuellement héberger d’autres personnes à des loyers abordables.
Consigner est un moyen efficace de recycler. Au Québec, cela concerne tous les contenants qui portent la mention «Consignée Québec». Il s'agit des canettes d'aluminium, des bouteilles de boisson gazeuse en plastique ou en verre ainsi que les bouteilles de bière. Quand on ramène des contenants à la consigne, on reçoit de l’argent en retour pour chaque contenant consigné. Tu peux recevoir entre 0,05$ et 0,20$ par contenant. Pour consigner, rien de plus simple, il te suffit d’apporter tes canettes ou bouteilles dans des centres de consigne ou le magasin dans lequel tu les as achetées, comme par exemple un supermarché.
Comment t’est venue l’idée de ce projet?
Les salaires ne suivent plus le prix des maisons. Il fallait trouver une solution. J’ai décidé de faire ce qu’on appelle de l’économie circulaire, c’est-à-dire de prendre quelque chose que plus personne n’utilise et lui donner une nouvelle vie.
À quoi ressemble une journée de collecte? As-tu des ententes avec des festivals ou tu pars vraiment à la chasse aux canettes?
De temps en temps, j’ai de grosses quantités de canettes qu’on m'envoie ou que je dois aller chercher à des festivals. Mais majoritairement, je passe dans les rues et je ramasse les canettes ou les bouteilles pendant les journées de recyclage. C’est beaucoup de travail. Il y a aussi des personnes qui ont été touchées par mon projet et qui m'aident en déposant devant chez moi des sacs de canettes.

D’ailleurs, si tu as envie d’aider Élyse, tu peux te rendre devant chez elle, à Montréal, au 7201 rue Boyer dans Villeray, et déposer un sac de canettes ou de bouteilles vides. Ça sera pour le plus grand plaisir d’Élyse et de ses deux enfants, Jules et Elsie.
Tes enfants Jules et Elsie t’aident aussi dans ce projet. C’était important pour toi de leur parler de la crise du logement?
Oui, je trouve que c’est important de savoir ce qui se passe dans nos sociétés. J’ai un travail, ma vie va bien, je ne suis pas à plaindre, mais il y a des gens qui n'arrivent pas à se loger. On doit être conscient de ce que vivent les autres et on doit les aider.
As-tu une idée du nombre de canettes que tu as ramassées depuis que tu as commencé ton projet?
Je dirais entre 150 000 ou 200 000 canettes. Chaque semaine, je remplis ma voiture de canettes et de bouteilles pour aller les consigner.
Est-ce qu'au tout début de ton projet, tu étais un peu gênée de ramasser des canettes dans la rue?
C’est drôle, mon fils Jules m’a posé la même question il y a quelques jours. Je lui ai dit: «Si les gens voyaient de l’argent dans les poubelles, est-ce qu’ils le prendraient? Oui». Au début j’étais gênée, mais maintenant je suis fière! Ça fait deux ans et demi que je travaille fort et je suis presque rendue à 50 % de mon objectif.

Élyse et Jules qui partent ensemble collecter les canettes et les bouteilles vides dans la rue.
Quand tu auras atteint ton objectif des 115 000 $, vas-tu te lancer un autre défi?
Le problème, c’est que même si j’atteins mon objectif, je ne suis pas certaine de pouvoir acheter tout de suite une maison ou un immeuble. Je vais continuer jusqu'à ce que j’arrive à acheter une propriété qui pourra accueillir ma famille et d’autres personnes, je l’espère. Mais je vais continuer à militer pour cette cause c’est certain. J’aimerais aussi aider les gouvernements à améliorer la consigne au Québec parce qu'on n'est pas encore des champions à ce niveau-là.
Pour conclure, des questions en rafales:
Ta couleur préférée?
J’aime beaucoup le fuchsia.
Quelle était ta matière préférée à l’école?
L’art dramatique.
Est-ce que tu as une passion?
J’aime beaucoup écrire. J’ai un blog, j’écris beaucoup.
Ton film préféré?
Beetlejuice de Tim Burton.
Si tu étais un animal, lequel serais-tu?
Un castor qui construit sa maison.
As-tu une phrase fétiche?
À la maison, on a une phrase qu’on dit souvent avec mes enfants: «Tout pour le projet!»