
Atelier philo - Les oiseaux migrateurs: modèles d’intelligence collective?
Les oiseaux fascinent petits et grands par leurs comportements ingénieux et parfois surprenants. On sait aujourd’hui qu’ils sont capables de résoudre des problèmes, d’inventer de nouvelles stratégies pour se nourrir, de fabriquer et d’utiliser des outils, ou encore d’apprendre les uns des autres. Certains oiseaux, comme les corbeaux ou les perroquets, sont réputés pour leur ingéniosité, et certains oiseaux migrateurs, comme les bernaches ou les oies sauvages, nous offrent des exemples impressionnants d’intelligence collective.
Chaque année, des milliers d’oiseaux migrateurs parcourent d’immenses distances pour survivre, affrontant des défis toujours renouvelés: changements climatiques, tempêtes, manque de nourriture, ou disparition d’habitats. Pour réussir ce voyage, ils volent en groupe, souvent en formation de V, ce qui leur permet d’économiser de l’énergie et de mieux affronter les difficultés ensemble. Ils se relaient en tête, s’entraident, et adaptent leur itinéraire ou leur rythme en fonction des signaux de l’environnement. Cette organisation, qui repose sur la coopération et le partage des responsabilités, est un exemple marquant d’intelligence collective animale.
Pourtant, l’adaptation n’est pas toujours facile. Les oiseaux doivent parfois innover, changer leurs habitudes ou même leur apparence pour survivre dans un monde qui change vite. Certaines espèces parviennent à apprendre de nouvelles façons de faire, à transmettre des savoirs au groupe, ou à inventer des solutions inédites, tandis que d’autres peinent à suivre le rythme des bouleversements. Observer les oiseaux migrateurs, c’est donc aussi offrir aux élèves l’occasion de réfléchir à la force du groupe, à la diversité des intelligences, à la capacité d’innover et à la solidarité face à l’inattendu.
Ces comportements sont l’occasion pour eux de s’interroger sur leurs façons de vivre ensemble, de coopérer, d’inventer et de s’adapter aux changements. Les élèves, tout comme les oiseaux, font en effet eux aussi partie de groupes : en classe, dans la cour d’école, en famille ou dans leurs activités. Que peuvent-ils apprendre de l’intelligence collective des oiseaux migrateurs ? Jusqu’où l’innovation et la solidarité peuvent-elles les aider à affronter les défis - ceux de leur quotidien et ceux de leur époque - et à s’adapter, ensemble, dans un monde en mouvement ?
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 50 minutes
Déroulement
Lire avec vos élèves le texte «Les oiseaux migrateurs déboussolés», de notre collègue Ophélie.
Demandez-leur ensuite de formuler, en petite équipe, une question philosophique.
Les critères d’une telle question sont simples:
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous:
- Qu’est-ce que ça veut dire, être intelligent : inventer, s’adapter, ou apprendre des autres ?
- Pourquoi certaines personnes ou certains groupes trouvent-ils plus facilement de nouvelles idées ou solutions que d’autres ?
- Est-ce que toutes les formes d’intelligence se ressemblent, ou peut-il en exister de très différentes ?
- Qu’est-ce qui fait qu’une habitude ou une façon de faire devient une tradition dans un groupe ?
- Pourquoi choisit-on parfois de faire les choses ensemble plutôt que seul ?
- Est-ce que suivre le groupe est toujours la meilleure solution pour survivre ou réussir ?
- Quand quelqu’un innove ou propose une nouvelle idée, pourquoi est-ce que les autres l’acceptent, l’imitent… ou la rejettent ?
- Est-ce que l’innovation peut parfois être risquée, pour un groupe ou pour une personne ?
- Quand les conditions changent trop vite, l’intelligence collective suffit-elle toujours pour s’adapter ?
- Est-ce qu’on peut perdre des savoirs utiles si on change trop vite ou si on ne s’inspire plus des anciens ?
- Que pouvons-nous apprendre, nous les humains, de la façon dont des groupes d’animaux s’entraident, innovent et s’adaptent ?
- Si tu faisais partie d’un groupe qui doit s’adapter à un grand changement, préférerais-tu suivre le groupe, inventer de nouvelles solutions, ou transmettre ce que tu as appris aux autres ?
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
Pour aller plus loin, voici consultez nos ressources vidéos «Faire de la philo avec les enfants» et «La philosophie comme moyen d'aborder les sujets sensibles».

Liens avec le programme de Culture et citoyenneté québécoise
- Conscience de soi et construction identitaire - Perception de soi - Forces et défis de chaque personne (4e année)
L’activité invite les élèves à réfléchir à leur propre façon d’innover, de s’adapter et de vivre en groupe, en faisant des liens entre les stratégies des oiseaux migrateurs et leurs expériences personnelles (famille, école, amis). Cela contribue à la construction de leur identité et à la reconnaissance de leurs forces et de leurs besoins dans des situations de changement ou de coopération.
- Conscience de soi et construction identitaire - Identité - Valeurs personnelles et collectives (5e année)
L’activité questionne la valeur des traditions, de l’innovation et de l’adaptation: pourquoi garder certaines habitudes? Quand faut-il changer? Qu’est-ce qui fait la force d’un groupe? Ces réflexions permettent d’aborder le sens de l’action collective, le rapport au changement et la recherche du bien commun.
- Relations entre humains et environnement - Milieux de vie - Relation avec la nature (3e année)
En s’appuyant sur les défis rencontrés par les oiseaux migrateurs face aux changements climatiques et à la transformation des milieux naturels, l’activité sensibilise les élèves à l’importance de l’adaptation, de la préservation de l’environnement.
- Relations entre humains - Dynamiques de groupe - Différences et points communs entre les individus(3e année) & influence du groupe (4e année)
En observant l’entraide, la solidarité et la dynamique de groupe chez les oiseaux, les élèves sont amenés à discuter de la coopération, du partage des rôles, de l’influence du groupe et de la gestion des différences dans la vie collective humaine (classe, communauté, société).
- Relations entre humains- Vie collective - Expériences démocratique (5e année) & Participation sociale (6e année)
En interrogeant les choix collectifs (suivre, innover, transmettre), l’activité fait écho à la vie démocratique: comment décider ensemble? Comment prendre en compte la diversité des points de vue et des besoins? Comment agir pour le bien commun dans un groupe ou une société?
Réalisé avec le soutien du