
Atelier philo - À quoi sert une voix si elle reste silencieuse?
Le vote est l’un des piliers de la démocratie, un outil essentiel pour permettre à chaque citoyen de faire entendre sa voix et d’influencer les décisions qui façonnent sa vie et celle de sa société. Pourtant, tout le monde n’a pas le droit de voter, et ce droit, souvent réservé aux adultes, soulève des questions importantes sur l’inclusion et la justice. Pourquoi certaines personnes peuvent-elles voter, et d’autres non? Est-il juste que seules certaines voix soient entendues ?
Cette activité invite les élèves à réfléchir à l’importance de ne pas laisser leur voix «silencieuse», même avant d’avoir le droit de voter. Ils exploreront les enjeux liés au vote: pourquoi est-il essentiel, qui peut voter, et est-il juste que seules certaines personnes aient accès à ce droit fondamental? Bien que les enfants n’aient pas encore le droit de voter, ils sont directement concernés par les décisions prises par les élus. Les lois, les projets et les politiques publiques influencent leur quotidien et leur avenir.
En réfléchissant sur la place qu’ils occupent dans la société, les élèves seront encouragés à imaginer comment ils peuvent s’impliquer dans la vie politique avant d’avoir le droit de voter. Ils examineront également les critères qui déterminent qui peut voter – âge, citoyenneté, connaissances – et discuteront des implications éthiques de ces critères. Par exemple, serait-il juste que seules les personnes très riches ou très instruites aient le droit de voter?
Ces interrogations permettront aux élèves de développer leur pensée critique tout en prenant conscience des mécanismes démocratiques qui sous-tendent notre société et de l’importance de ce droit pour toutes et tous.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 50 minutes
Déroulement
Commencez par une discussion informelle avec les élèves :
- Pourquoi pensez-vous que certaines personnes peuvent voter et d’autres non ?
- Si vous aviez le droit de voter, quelles décisions aimeriez-vous influencer ?
La lecture préalable de ces deux articles viendrait enrichir la discussion qui suivra: «Les enfants devraient-ils pouvoir voter?» et «Qui peut voter?».
Demandez-leur ensuite de formuler, en petite équipe, une question philosophique.
Les critères d’une telle question sont simples:
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous:
- Pourquoi dit-on que voter est un devoir autant qu’un droit?
- Est-ce que ne pas voter peut être une façon d’exprimer son opinion?
- Pourquoi certaines personnes choisissent-elles de ne pas voter alors qu’elles en ont le droit?
- Est-ce juste que seuls les adultes puissent voter?
- Si on pouvait voter dès l’enfance, est-ce que cela changerait quelque chose dans la société?
- Peut-on s’intéresser à la politique même si on n’a pas encore le droit de voter?
- Est-ce que certaines personnes devraient avoir plus de poids dans leur vote parce qu’elles sont plus touchées par les décisions politiques?
- Pourquoi est-il important que tout le monde ait une voix dans une démocratie?
- Est-ce que des critères comme l’éducation ou les connaissances devraient déterminer qui peut voter?
- Si quelqu’un ne comprend pas bien une décision politique, devrait-il quand même avoir le droit de voter dessus?
- Est-ce que ne pas pouvoir voter signifie qu’on a moins d’importance dans une société?
- Que se passerait-il si seules certaines personnes avaient le droit de décider pour tout le monde?
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
Pour aller plus loin, voici consultez nos ressources vidéos «Faire de la philo avec les enfants» et «La philosophie comme moyen d'aborder les sujets sensibles».

Liens avec le programme de Culture et Citoyenneté Québécoise (CCQ)
Cette activité s’inscrit parfaitement dans le cadre du programme CCQ en abordant plusieurs thématiques clés :
En 3e année: Relations entre humains - Dynamiques de groupe - Exclusion et inclusion
Les élèves de 3e année sont invités à explorer les rôles sociaux qu’ils occupent dans leur environnement immédiat, comme à l’école ou dans leur famille. À travers le thème du vote, ils peuvent réfléchir à la notion de responsabilité collective et individuelle dans une société démocratique.
Ils apprennent que même sans avoir le droit de vote, chacun peut contribuer à sa communauté par des actions concrètes ou des idées. Par exemple, ils pourraient se demander: «Est-ce que participer aux décisions dans notre classe ressemble à voter dans une société?». Cela les aidera à comprendre comment les rôles sociaux sont liés à la participation citoyenne.
En 4e année: Relations entre humains - Dynamiques de groupe - Influence du groupe
En 4e année, les élèves commencent à examiner les normes sociales qui structurent les groupes auxquels ils appartiennent. Le thème du vote leur permet d’explorer l’importance du dialogue démocratique pour prendre des décisions collectives. Ils peuvent réfléchir aux règles qui encadrent le droit de vote et discuter des enjeux liés à l’exclusion de certains groupes.
Une question comme «Pourquoi est-il important d’écouter toutes les voix avant de prendre une décision?» pourrait les amener à comprendre que le dialogue est essentiel pour garantir une société juste et équitable.
En 5e année: Relations entre humains - Vie collective - Diversité sociale et culture partagée & Expériences démocratiques
En 5e année, les élèves approfondissent leur réflexion sur les valeurs collectives telles que l’équité et la justice. Le thème du vote leur permet d’examiner comment ces valeurs se manifestent dans une démocratie et d’aborder certains principes démocratiques (majorité, représentation, participation). Ils peuvent ainsi discuter des critères qui définissent qui peut voter et pourquoi, tout en réfléchissant aux injustices que cela peut engendrer.
Une question comme «Est-ce juste que certains groupes soient exclus du droit de vote?» pourrait ouvrir un débat sur les notions d’inclusion et d’égalité dans une société démocratique.
En 6e année: Relations entre humains - Vie collective - Droits et libertés & Participation sociale
En 6e année, les élèves élargissent leur réflexion jusqu’à l’échelle collective en explorant les droits fondamentaux inscrits dans la Charte des droits et libertés. Le droit de vote devient un point central pour comprendre comment les décisions politiques affectent tous les citoyens, y compris ceux qui ne votent pas encore. Ils peuvent également examiner les exclusions sociales liées au vote (âge, citoyenneté) et réfléchir aux implications éthiques de telles restrictions.
Une question comme «Si tout le monde avait le droit de voter, est-ce que cela rendrait la société plus juste?» pourrait stimuler leur pensée critique sur la démocratie et ses limites.
Réalisé avec le soutien du