Atelier philo: Comment exister si on est invisible?
Il y a quelques jours, on a appris que la situation des femmes en Afghanistan venait encore d’empirer, alors qu’elle était déjà l’une des pires au monde. En effet en 2021, après plus de 20 ans de guerre, les talibans sont revenus au pouvoir et ont rapidement remis en place des lois et des mesures réduisant les droits des femmes. Désormais, littéralement, les filles et les femmes afghanes ne peuvent plus être vues ni entendues dans l’espace public. Le tout, officiellement, au nom de la répression du vice et de la promotion de la vertu. Notre collègue Marie en parle dans ce très bref texte paru récemment «Les invisibles d’Afghanistan».
Il s’agit là d’un sujet d’actualité qui peut être perçu à la fois comme terrible et décourageant. Pour cette raison précise, il est donc important de trouver une façon de l’aborder avec les élèves. De cette manière, on pourra en effet leur laisser entrevoir, par le biais du questionnement, du dialogue et la réflexion, une possibilité de chercher d’autres chemins que celui de l'impuissance, face à des réalités du monde qui peuvent sembler incompréhensibles. Tant pour elles et eux que pour nous.
Avec cette activité, vous aurez donc l’occasion de dialoguer avec vos élèves sur ce sujet majeur. En leur donnant des outils relevant du dialogue et de la pensée critique, vous leur permettrez de réfléchir à ce sujet crucial et sans cesse à combattre: les discriminations faites aux femmes et les violences visant à réduire au silence et à «l’invisibilité», sur la base du seul critère du genre.
Type de tâche : Atelier philo
Durée approximative : 50 minutes
Liens avec le programme
La question soulevée par la situation que subissent les filles et les femmes afghanes correspond plus spécifiquement aux éléments de contenus de 6e année. Or, au 2e cycle, bien que le programme prescrit d’observer l'environnement culturel élargi, cet atelier philo peut servir de tremplin pour aborder des concepts-clés pouvant être plus abstraits dans la vie de tous les jours.
- 3e année: Dynamiques de groupe - Exclusion et inclusion - Dynamiques de pouvoir, influence inégale des personnes
- 4e année: Dynamiques de groupe - Influence du groupe - Inégalité de sexe et de genre - Normes dans différents groupes, pressions négatives du groupe, etc.
- 6e année: Vie collective - Droits et libertés - Discrimination liée au sexe et au genre - Droits de la personne et droits des groupes, conditions et limites de la liberté
Vie collective - Participation sociale - Espace de participation sociale, diversité des formes de participation sociale
La question philosophique est un concept pouvant être travaillé dès le 2e cycle au même titre que tout ce que cela implique comme la compréhension et l'identification des émotions / normes / valeurs, l’expression de la compréhension ou d’un point de vue, etc.
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
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