Atelier philo: Je ne perds jamais: soit je gagne, soit j’apprends*
Siméon, un de nos journalistes stagiaires, s’est intéressé aux Vics de Haute-Yamaska. En effet, cette équipe de hockey pee-wee, qui rassemble des enfants de 11 et 12 ans, n’a encore obtenu aucune victoire depuis le début de sa saison. Dans son article, Siméon s’est entretenu avec deux joueurs de l’équipe, afin de savoir pourquoi ils persévèrent malgré les défaites qui se succèdent.
Échouer, persévérer, faire des efforts, se trouver nul, croire qu’on n’y arrivera pas, se décourager, se comparer avec les autres, souffrir de ces comparaisons ou encore être jaloux de la réussite des autres sont des expériences que rencontrent tous les enfants dans leur vie, à l’école… et en dehors! Prendre le temps de les examiner et de les questionner leur permet de développer des compétences précieuses pour «métaboliser» ces moments difficiles. De plus, en affinant leur regard sur ceux-ci, il est possible de découvrir qu’elles font partie de la vie de tout le monde, et qu’elles peuvent être des occasions d’apprendre.
Par cette activité, dans un cadre structuré et régulé, vous aurez l’occasion de dialoguer avec vos élèves sur ce sujet «en poupées russes», tant les questions qui s’y nichent sont multiples. C’est là en effet la particularité – et l’intérêt – des questions philosophiques!
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 60 minutes
Consigne
Faites lire à vos élèves l’article «32 défaites, 0 victoire, mais une détermination en or!» de notre collègue Siméon. Demandez-leur ensuite de formuler, par petite équipe de deux, une question philosophique qui renvoie aux thèmes de la réussite, de l’échec, de la persévérance et/ou de l’estime de soi.
Les critères d’une telle question sont simples:
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule «bonne» réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment ! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question complexe qui les concerne - et souvent les fragilise - toutes et tous.
- Réussir, ça veut dire quoi?
- Quelle est la différence entre réussir et gagner?
- Réussir sa vie, ça veut dire quoi?
- Quel est le lien entre la réussite et la confiance en soi?
- Qu’est-ce qui nous décourage quand on fait des efforts?
- Qu’est-ce qui nous encourage quand on fait des efforts?
- Quelle est la différence entre réussir et apprendre?
- Que peut-on apprendre de nos échecs?
- Quelle est la différence entre «être nul» et «se sentir nul»?
- Comment les autres peuvent nous aider quand on fait des efforts?
- Comment les autres peuvent nous ralentir/entraver/saboter quand on fait des efforts?
- Si vous deviez choisir un animal qui symbolise la persévérance, lequel choisiriez-vous et pour quelle raison?
Liens avec le programme
On retrouve d’ailleurs dans le programme de CCQ plusieurs occasions de réfléchir à ces enjeux de réussite et d’échec
En 3e année, la thématique des stéréotypes et de la vision de soi peut offrir une occasion de s’interroger sur ce qui, dans la pratique d’un sport ou d’un art par exemple, relève des normes et des stéréotypes difficiles à gérer, ou à atteindre. Il peut être possible, notamment, d’examiner les effets des stéréotypes sur soi: perception des possibilités et des limites en lien avec son groupe, attentes envers soi, etc.). Ces moments de réflexion peuvent permettre aux élèves de construire une vision saine, stable et sécurisante de ce qui distingue les notions de réussite et d’échec.
En 4e année, cette vision peut s’affiner sous un autre angle présent au programme : les forces et les défis de chaque personne. La diversité de ces forces et défis, les sentiments de compétence, l’estime de soi, parmi d’autres, apparaissent comme des thématiques importantes et structurantes. En effet, elles vont amener les élèves à pouvoir se positionner, faire évoluer, consolider leurs représentations sur ces concepts qui vont les accompagner toute leur vie.
En 6e année, enfin, deux sujets peuvent permettre d’enrichir les apprentissages sur ces enjeux : la réussite et l’adversité. En leur permettant de discuter de leurs visions de la réussite, des exemples d’adversité (accident, maladie, échec, perte, etc.), des apprentissages qui peuvent résulter de ces épreuves, vous leur offrez des occasions de penser leur vie.
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo: comment on fait ?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose : il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense !
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme : définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer : reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme « l’évidence », le « gros bon sens » ou « ce que tout le monde sait ».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent tous et toutes.
- Une chose essentielle : on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement !) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
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