
Atelier philo: Que faire quand on se sent déprimé ?

Dans sa dernière vidéo, Mélanie se fait l’écho d’une question importante : « Pourquoi certaines personnes se sentent-elles plus déprimées en hiver? » Or, être enseignant.e aujourd’hui amène à constater combien la santé mentale constitue un enjeu de société qui n’épargne pas les enfants. Certaines difficultés que ceux-ci rencontrent se sont accentuées ces dernières années, comme en témoigne l’augmentation exponentielle des plans d’intervention. Les récentes négociations ont d’ailleurs permis de mettre en évidence à quel point cet enjeu était au cœur des difficultés du système d’éducation.
Certes, comme le dit Mélanie, beaucoup de choses peuvent influencer notre humeur : certains événements, la nourriture qu’on mange ou même la quantité de soleil qu’on reçoit dans une journée! Pourtant, la dépression constitue un trouble de santé mentale qui affecte 2 à 3% des Canadiens et Canadiennes. Les symptômes qui en découlent sont multiples : la difficulté à travailler ou à faire des activités avec nos amis et notre famille, les problèmes de sommeil, les crises de larmes, la fatigue extrême, la perte de motivation.
Bien entendu, si un enfant se sent concerné par certains de ces symptômes, il est primordial d’en parler à un adulte en qui il a confiance, mais aussi d’aller consulter un professionnel comme un psychologue. Comme le rappelle Mélanie, c’est la première étape de la guérison.
Dans le contexte scolaire, la santé mentale constitue évidemment un sujet sensible. Pour autant, comment ne pas voir la responsabilité qu’on a en tant qu’enseignant.e à lui accorder une place en classe ? En effet, aménager un espace pour l’aborder avec les élèves leur permettra de le nommer, de l’appréhender, d’y réfléchir et de progressivement l’apprivoiser.
Type de tâche : Atelier philo
Durée approximative : 50 minutes
Certes, le programme du cours de CCQ n’aborde pas explicitement le sujet de la santé mentale. Cependant, la manière dont le programme est structuré permet rapidement de prendre conscience du nombre d’enjeux qui y sont liés.
D’une part, en effet, les thèmes généraux qu’il s’agit d’aborder au primaire entretiennent des liens étroits avec cette thématique :
- Les relations entre humains
- La quête de sens
- La conscience de soi
- La construction identitaire
- Les relations entre humains et environnements
- Les médias et la vie numérique
D’autre part, un des « continuums » qui structure le programme renvoie également de façon significative à la santé mentale:

Consigne
Faites écouter à vos élèves la vidéo de notre collègue Mélanie : « Pourquoi certaines personnes sentent-elles plus déprimées en hiver? »
Demandez-leur ensuite de formuler, par petite équipe de deux, une question philosophique.
Les critères d’une telle question sont simples :
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule « bonne » réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment ! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à développer leur esprit critique.
- « Aller bien », ça veut dire quoi ?
- Être parfois triste, est-ce normal ?
- La tristesse, est-ce une maladie ?
- Quelle est la différence entre la tristesse et la dépression ?
- Quelle est la différence entre se sentir déprimé et avoir une dépression ?
- Être capable d’exprimer nos faiblesses ou nos fragilités, est-ce parfois une force ?
- Comment vivre avec nos fragilités ?
- De quoi dépend l’image qu’on a de soi ?
- Les réseaux sociaux ont-ils un impact sur l’image qu’on a de soi ?
- Vivre avec soi-même, est-ce facile ?
- Avoir confiance en soi, est-ce facile ?
- Faire confiance aux autres, est-ce facile ?
- Demander de l’aide quand on ne va pas bien, est-ce facile ?
- Notre identité est-elle figée ou peut-elle évoluer avec le temps ?
- Peut-on apprendre à prendre soin de soi ?
- Peut-on apprendre à prendre soin des autres ?
La philo: comment on fait ?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose : il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense !
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme : définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer : reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme « l’évidence », le « gros bon sens » ou « ce que tout le monde sait ».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle : on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement !) d’arriver à des réponses qui sont « bonnes », définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
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