Atelier philo: face à certaines croyances, doit-on toujours dire la vérité?
Dialoguer avec les élèves, c’est parfois faire un constat: l’enfance est le lieu d’un certain nombre de croyances sincères en l’existence de figures dont nous, adultes, savons qu’elles (et parfois leurs « pouvoirs ») relèvent avant tout de l’imagination: le père Noël, la fée des dents, les lutins, les sorcières, les magiciens, etc.
Toutefois, à partir d’un certain âge, un dilemme se présente à nous, adultes: doit-on privilégier la vérité face à des enfants qui semblent attachés à ce type de croyances?
En effet, un tiraillement peut exister chez nous entre la nécessité de dire la vérité (qui constitue un objectif de leur éducation morale) et l’envie de les laisser croire en l’existence de telles figures (en ayant à cœur de laisser une part de « magie » occuper une place dans leur vie).
Certes, le développement d’un enfant passe par des étapes importantes en matière de maturité. Aux alentours de 7 ans, on évoque même la notion d’âge de raison, qui amène l’enfant à résolument entrer dans le champ de la pensée rationnelle. Et à, doucement, s’éloigner de celui de l’enfance baignée de magie et d’irrationalité.
Toutefois, n’existe-t-il pas de bonnes raisons de continuer à cultiver chez eux une certaine part d’irrationalité? Celle-ci ne pourrait-elle pas être le terreau sur lequel vont fleurir leur imagination, leur candeur et leurs élans à s’émerveiller devant ce qu’il y a, dans une certaine mesure, de magique dans le monde qui est le nôtre.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 45 minutes
Les enfants sont capables de penser par eux-mêmes et aiment qu’on stimule leur réflexion, y compris sur des thématiques complexes. Voici une activité permettant à vos élèves de développer leur capacité au dialogue et à la réflexion. Par la même occasion, vous pourrez déployer des compétences relevant du cours de culture et citoyenneté québécoise, notamment celles relevant de la réflexion sur les croyances et sur la quête de sens.
Les critères d’une telle question sont simples :
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule « bonne » réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de « trouver la bonne réponse » ni de « convaincre les autres de penser comme nous ». Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui peuvent être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de les utiliser évidemment ! Elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à développer leur intelligence émotionnelle.
- Comment savoir si quelque chose existe?
- Certaines choses existent-elles même si on ne peut pas les voir?
- Les personnages dans un livre/un dessin animé/un spectacle existent-ils?
- Comment savoir si quelque chose est vrai?
- Y a-t-il une différence entre quelque chose d’imaginaire et quelque chose de faux?
- Quelle est la différence entre croire et savoir?
- Y a-t-il des choses qui existent même si on n’y croit pas?
- Y a-t-il des choses qui n’existent pas même si on y croit?
- Y a-t-il une différence entre « faire croire à » et « mentir »?
- Y a-t-il parfois de bonnes raisons de croire à des choses qui n’existent pas?
- Y a-t-il parfois de bonnes raisons de faire croire à des choses qui n’existent pas?
- Peut-on parfois prendre du plaisir à privilégier ce qui est imaginaire au détriment de ce qui est réel ou vrai?
Si vous n’avez jamais mené de discussion philo avec vos élèves, voici quelques repères pour que celle-ci se déroule au mieux.
La philo : comment on fait ?
- Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose : il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense !
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme : définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer : reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme « l’évidence », le « gros bon sens » ou « ce que tout le monde sait ».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent tous et toutes.
Une chose essentielle : on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement !) d’arriver à des réponses qui sont « bonnes », définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
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