Un bisou forcé qui ne passe pas du tout
On ne parle que de ça en Espagne depuis plusieurs jours. Après la victoire de son équipe en Coupe du monde féminine de soccer, le président de la Fédération espagnole de soccer a embrassé sur la bouche une des joueuses, sans lui demander. Celle-ci a été très choquée et a dénoncé ce geste. On profite de cette nouvelle pour te parler de la notion de consentement.
La capitaine dénonce
Le 20 août, après un match plein de tension et une victoire 1 à 0 contre l'Angleterre, l’Espagne a remporté pour la première fois de son histoire la prestigieuse Coupe du monde féminine de soccer!
Une fois le match terminé, c’était la remise du trophée. À ce moment-là, Luis Rubiales a embrassé la capitaine de l’équipe, Jenni Hermoso, sur la bouche, en lui tenant la tête à deux mains.
À gauche, Jenni Hermoso. À droite, Luis Rubiales.
Après l’événement, Jenni Hermoso a publié sur ses réseaux sociaux qu’elle s’est sentie vulnérable et victime d’une agression. Elle dit avoir été embrassée de force. Ensuite, ses coéquipières ont annoncé qu’elles refusent de rejouer, tant et aussi longtemps que Luis Rubiales demeure président.
D'autres joueuses ont apporté leur soutien à Jenni Hermoso. Sur la banderole, on peut lire: «tu n'es pas seule!»
La FIFA a alors décidé de suspendre Luis Rubiales pour au moins 90 jours. Ça veut dire qu’il ne peut pas travailler pendant cette période. Une enquête pour agression sexuelle a également été ouverte.
En Espagne, tout comme au Canada, embrasser quelqu’un sans son consentement est considéré comme une agression sexuelle.
Depuis, la pression est très forte pour que Luis Rubiales démissionne. Des membres du gouvernement et de la Fédération espagnole de football demandent qu’il quitte immédiatement son poste. Cette semaine, des centaines de personnes ont aussi manifesté dans les rues de Madrid, la capitale de l’Espagne.
Manifestation à Madrid en soutien à Jenni Hermoso.
Malgré cela, Luis Rubiales refuse de démissionner! Certaines personnes l’appuient encore et pensent qu’il ne mérite pas toutes ces critiques. «Vous voulez me dégager pour un petit bisou?», voilà ce qu’a dit M. Rubiales. Il considère qu’il n’a rien à se reprocher.
Embrasser sans demander, c’est grave?
Si on entend beaucoup parler de cette histoire, c’est parce que le baiser a été donné sans avoir le consentement de la joueuse.
Mais c’est quoi, le consentement? Un petit rappel s’impose! J'en ai parlé à Vanessa Rémy-Sauriol de la Fondation Marie-Vincent, qui aide les enfants et les adolescents victimes de violence.
Sa réponse: le consentement, c’est tout simplement le fait de donner son accord pour quelque chose qui nous concerne.
Prenons l’exemple d’un bisou sur les lèvres.
Vanessa m’a dit: «Si tu veux embrasser quelqu’un, tu dois d’abord lui demander la permission: Est-ce que tu serais d’accord que je te fasse un bisou? Si cette personne accepte, cela veut dire que tu as son consentement. Par contre, si cette personne ne veut pas t’embrasser, tu ne peux pas la forcer».
Mais comment savoir si la personne donne son consentement?
Le conseil de Vanessa: «La manière la plus simple de savoir si tu peux embrasser quelqu’un est de lui demander tout simplement, pour valider avec elle si c’est correct». Pas plus compliqué! Tu auras sûrement une réponse: oui ou non.
Par contre, même si elle ne dit pas non, il faut demeurer attentif! Si la personne s'éloigne de toi, si elle détourne la tête ou commence à être angoissée, elle n’est probablement pas à l’aise. Dans ce cas-là, stop, on arrête tout!
Vanessa insiste sur un autre point: il ne faut pas croire que le consentement est quelque chose d’acquis pour toujours. Une personne peut changer d’avis à n’importe quel moment. Elle peut vouloir t’embrasser un jour, et ne plus en avoir envie le lendemain. Et c’est correct!
Il faut toujours être à l’écoute et ne pas obliger une personne à faire quelque chose contre sa volonté. Tu dois respecter son choix, et les autres doivent respecter le tien!
Quant à la joueuse Jenni Hermoso, c’est à elle de décider si elle portera plainte ou pas contre Luis Rubiales. Sans plainte, il ne peut pas y avoir de procès.
