Que faire avec les noms de rue blessants pour les Autochtones?
La Ville de Winnipeg, située au cœur du Canada, a décidé de changer le nom de trois rues. C’est parce qu’elles portaient le nom d’un homme religieux qui a fait des choses ayant profondément blessé les Autochtones dans les années 1800. On t’explique ça.
Winnipeg est la plus grande ville de la province du Manitoba, qui est dans une région du Canada qu’on appelle Les Prairies. En avril, les élus de cette ville ont annoncé que trois rues changeraient de nom: la rue Grandin, le boulevard Bishop Grandin et le sentier Bishop Grandin.
Le mot anglais «bishop» veut dire «évêque». Ces rues étaient toutes nommées d’après un homme qui s'appelait l’évêque Vital-Justin Grandin..
Quelle est l’histoire de l’évêque Grandin?
Il est né en France et il est ensuite arrivé en 1854 sur le territoire qui est devenu plus tard le Canada. Comme tu le sais sûrement, des peuples autochtones habitaient là bien avant que les colons d’Europe découvrent le continent d’Amérique.
Vital-Justin Grandin avait comme mission d’évangéliser les Autochtones. Autrement dit, il voulait que ceux-ci abandonnent leur culture et croient en la religion catholique.
L’évêque Grandin a mis toute son énergie à évangéliser les enfants autochtones. Il a participé à la création de 12 pensionnats autochtones.
C’était quoi, les pensionnats autochtones?
L’objectif des pensionnats était cruel: «Tuer l’indien dans l’enfant ». Attention ! Ils ne voulaient pas tuer les enfants, mais ils voulaient faire disparaître complètement leur culture. Le mot indien était utilisé, à cette époque, pour parler des Autochtones. Autrement dit, ils voulaient que les enfants autochtones… ne connaissent plus rien de leur culture.
Revenons aux pensionnats autochtones. C’étaient donc des endroits où les enfants autochtones étaient forcés d’aller dès l’âge de 7 ans, parfois même plus jeunes. Ils étaient séparés de leur famille et devaient vivre au pensionnat jusqu’à la fin de leur adolescence.
Ils n'avaient plus le droit de parler leur langue. Ils n’avaient plus le droit de penser comme leurs parents, ni de s’habiller comme eux, ni de manger comme eux, ni de faire les mêmes activités. On sait maintenant que de nombreux enfants ont été très maltraités.
Au total, il y a eu 140 pensionnats autochtones au Canada. C’est en 1996 que le tout dernier a fermé. Ça ne fait pas si longtemps!
Changer les noms de rue, une bonne idée ?
C’est un geste très important, croit Arianne Mulaire, une autochtone de la nation Métis qui vit à Winnipeg. Elle explique que sa communauté ne voulait plus voir de rues au nom de l’évêque Grandin, qui rappelle un moment difficile de l’histoire. Elle ajoute: «Je pense que certaines rues ont besoin de changer de nom parce qu’il y a des liens directs avec des traumatismes», dit-elle en entrevue au journal La Liberté.
Les trois rues Grandin porteront des noms issus de différentes langues autochtones. Par exemple, le boulevard Bishop Grandin se nommera «Abinojii Mikanah», qui signifie «rue d’enfants» en ojibwé, la langue parlée par les gens de la nation Anishnabe.
Le savais-tu ?
En 2019, la Ville de Montréal a changé le nom de la rue Amherst. Elle faisait référence à Jeffery Amherst, un militaire anglais qui a tué beaucoup d’Autochtones en Amérique durant les années 1700. La rue a été rebaptisée «Atateken», un mot qui signifie «fraternité» dans la langue autochtone Mohawk.
Pour en savoir plus sur les pensionnats autochtones, tu peux visionner cette vidéo!
Et toi, trouves-tu que c'est une bonne idée de renommer ces rues?
D'après un article d'Ophélie Doireau,