Attention à la pente glissante!
Comme tu le sais, aux As de l’info, nous sommes convaincus de l’intelligence des enfants. L’outil principal de la réflexion, le cerveau, est formidable! Malheureusement, son fonctionnement est parfois perturbé par une chose qui porte un nom un peu bizarre: les biais cognitifs.
Les QUOI?!
Quand notre cerveau est confronté à certains défis, il utilise des stratégies pour les résoudre. Il prend parfois des raccourcis. Des raccourcis de pensée, c’est ça qu’on appelle les biais cognitifs. Ces raccourcis peuvent parfois être utiles. Mais parfois, ils peuvent aussi être des solutions de facilité qui nous poussent à voir la réalité de façon trop simplifiée.
Je te propose de découvrir aujourd’hui un nouveau raccourci qui porte un nom étonnant: le sophisme de la pente glissante. C’est un raisonnement qui exagère les conséquences d'une idée en imaginant une série de conséquences aboutissant à une conclusion catastrophique.
L'idée est assez simple: en acceptant l'affirmation de départ, on serait obligé d’accepter toutes les affirmations qui suivent, qui aboutiront à une conclusion problématique.
Par exemple, si ton enseignante te dit ceci : «Si tu ne fais pas tes devoirs, tu échoueras en classe. Si tu échoues en classe, tu n'obtiendras pas ton diplôme. Si tu n’obtiens pas ton diplôme, tu ne pourras pas entrer à l'université. Si tu ne vas pas à l’université, tu ne trouveras pas un bon travail. Si tu ne trouves pas un bon travail, tu seras pauvre et sans abri. Tu ne veux pas être pauvre et sans abri, n'est-ce pas?»
Voilà un exemple de pente glissante! On te fait croire qu’il faut accepter tout l’enchaînement d’idées comme s’il était inévitable. Ce n’est pas vrai, évidemment, qu’un devoir manqué mène à coup sûr à la misère. Mais je t’encourage quand même à faire tes devoirs! 😉
Un autre exemple? Récemment, le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a dit qu’il y avait un lien au Québec entre l’immigration et la baisse des naissances. Son argument était le suivant: «Si nos seuils d’immigration sont trop élevés, s’il n’y a pas de logement, que le logement coûte très cher, que les gens sont étouffés par le paiement de leur hypothèque et du loyer, est-ce qu’ils vont prendre la décision d’avoir un enfant ou un enfant de plus?»
En résumé, il dit que l’arrivée des immigrants fait monter le prix des logements, et que par conséquent, les couples pourraient décider de ne pas avoir d’enfant.
Même s’il y a des liens entre les idées exprimées par le chef du Parti Québécois, la façon dont il les présente sous forme d’un «jeu de dominos» est problématique. Il veut en effet nous pousser à croire que le premier domino va forcément entraîner la chute de tous les autres.
Or, même s’il est vrai qu’il y a une baisse des naissances au Québec et au Canada, ce ne peut être seulement causé par l’immigration. Les causes sont multiples: l’accès à la contraception, le fait que les femmes font maintenant de plus longues études, que les jeunes adultes vivent en ville dans des petits logements, l’éco-anxiété ou encore les inégalités entre les hommes et les femmes peuvent faire en sorte que les gens ont moins d’enfant de nos jours.
Le problème avec ce raccourci de pensée, comme c’est souvent le cas, c’est qu’il présente un sujet complexe (moins de bébés) de façon simpliste et qu’il nous fait croire qu’il n’y a qu’une seule cause (l’immigration) ou qu’une cause est plus importante que les autres. Mais ça ne correspond pas à la réalité.
Et toi, as-tu déjà entendu un autre exemple d’un raisonnement «en pente glissante»?