Tu as peut-être déjà vu des films de guerre avec des scènes de combat. Tu te demandes peut-être si c’est réaliste? En fait, être militaire au Canada, ça ressemble à quoi? J’en ai discuté avec la capitaine Élaine Jean, officier d'infanterie dans les Forces armées canadiennes au Régiment de la Chaudière. Avertissement: ses réponses pourraient te surprendre!
À quel âge peut-on devenir soldat?
À partir de 16 ans avec une autorisation parentale. Sinon, à 18 ans.
Est-ce que tous les militaires font la même chose?
Non. D’abord, parce qu’il y a trois branches dans l’armée: l’armée de terre, l’armée de l’air et la marine. Ensuite, quand on pense à l'armée, on pense aux soldats qui sont au front et qui se battent. Mais il y a aussi des mécaniciens, des chauffeurs, des cuisiniers… Parce que les militaires doivent bien manger! En réalité, à peu près tous les métiers sont présents dans l'armée.
Est-ce que tous ces gens-là ont un fusil?
Tout le monde apprend à tirer et à se défendre avec un fusil. Le seul qui n’est pas armé, c’est le Padre.
C’est quoi, le Padre?
C’est comme ça qu’on appelle l'aumônier. Ce n’est pas un vrai prêtre, mais c’est quelqu’un qui comprend les religions et qui s’occupe de notre côté spirituel. Quand ça ne va pas, on va lui parler. Mais à cause de sa fonction, le Padre n’apprend pas à tirer. Il apprend juste à décharger une arme. Parce que c’est un agent de paix.
Pourquoi avez-vous décidé de vous engager?
J’ai d’abord été agricultrice, puis pompière. C’est à 37 ans, quand mes deux enfants étaient ados, que je me suis enrôlée. Je voulais pouvoir aider les gens. Ce que j'aime, c'est aussi le côté inconnu. On ne sait pas de quoi demain est fait.
Est-ce que tout le monde peut entrer dans l’armée?
Le plus gros critère, c'est avoir la volonté d'être là. Personne n’est forcé d’aller dans l’armée comme dans certains pays où il y a un service militaire obligatoire. Ici, c'est un choix qu'on fait, qui est ouvert à tout le monde. C’est étonnant, mais on peut s’enrôler jusqu'à l'âge de 57 ans!
Est-ce qu’il faut être fort?
Ça dépend du métier qu’on choisit. Mais si on n’est pas fort, on va s’entraîner pour le devenir. Et ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on a dans les bras, c’est surtout ce qu’on a entre les deux oreilles.
Est-ce que vous ramenez votre fusil à la maison?
L’arme personnelle de tous les militaires s’appelle le C7. C’est avec ça qu’on apprend à tirer. Mais non, on ne l’amène surtout pas à la maison. C’est interdit. Si j’en ai besoin pour une mission, je vais recevoir mon arme, mais ensuite, je dois la remettre à la base militaire.
Est-ce que c’est un travail dangereux?
Ça dépend vraiment du métier qu’on a choisi. Être fantassin sur le champ de bataille, c’est probablement le métier le plus dangereux qui soit. Par contre, pour la majorité des métiers, la majorité du temps, ce n’est pas tellement dangereux.
Est-ce que c'est bien payé ?
Oui. Le salaire est très intéressant. Et comme partout, plus on reste longtemps, plus il augmente.
Est-ce que vous avez déjà tué quelqu’un?
Non, car je ne suis jamais allée dans une mission à l'étranger. Et dans l’armée, on tire généralement en groupe. Alors à moins d’être dans un combat face à face, c’est très difficile de savoir à qui appartenait la balle qui a tué. On ne se pose pas la question non plus.
En même temps, personne ne choisit de rentrer dans l'armée pour faire la guerre. C'est bizarre à dire, mais les gens qui choisissent le métier de fantassin, ils le font pour aller défendre la paix. C’est vraiment le rôle de l’armée canadienne: défendre la paix, les libertés individuelles et la démocratie. Les conflits auxquels on participe sont toujours en lien avec ça.
Et toi, connais-tu des gens qui sont dans l’armée? Est-ce que c’est un métier qui t’intrigue?
À 17 ans, Delphis Cormier est parti combattre en Corée avec le 2e bataillon du Royal 22e Régiment, le régiment francophone des Forces canadiennes. Il te raconte son expérience.