Le chanteur des Colocs nommé «personnage historique» du Québec
André Fortin, mieux connu par son surnom Dédé, était le chanteur du groupe de musique Les Colocs. Il vient d’être nommé «Personnage historique» par le gouvernement du Québec. Cela veut dire qu’il a marqué la culture et l’histoire de la province. Pour comprendre en quoi c’est un artiste important, j’ai discuté avec Philippe Meilleur, auteur d’un livre sur Dédé Fortin… et grand fan des Colocs!
Dédé et Les Colocs en bref
- André «Dédé» Fortin a fondé le groupe Les Colocs en 1989 à l’âge de 26 ans. Il a composé la musique et les paroles de la plupart des chansons du groupe, en plus de chanter, jouer de la guitare et des percussions.
- Les Colocs ont enregistré 3 disques entre 1990 et 1998.
- Parmi leurs grand succès, on compte Julie, La Rue Principale, Bony’eu et Tassez-vous de d'là
- Le décès de Dédé en 2000 met fin au groupe.
Philippe, crois-tu que Dédé aurait été surpris de recevoir cet honneur?
Je pense que oui. C’était quelqu'un qui doutait beaucoup de lui. Il était conscient que sa musique rejoignait les gens. Mais il ne cherchait pas nécessairement la gloire. Ce qui comptait, c’était sa musique, son art, son écriture.
Selon toi, qu’est-ce qui fait que la musique de Dédé et des Colocs est spéciale?
Quand Les Colocs sont arrivés en 1990, la chanson québécoise francophone n'allait pas bien. Avec leur musique un peu folklorique, Les Colocs ont redonné vie à la musique d’ici. Ils ont aussi inspiré beaucoup d’artistes pour la suite. À mon avis, il n'y aurait pas eu de Cowboys fringants sans Colocs!
Pourquoi sa musique nous touche tant?
Je pense que c’est parce qu’elle parle de nos valeurs, comme la solidarité face aux injustices. Ça revient beaucoup dans les chansons que Dédé a écrites. Par exemple, La Rue Principale: la mélodie est très entraînante, mais il parle des grands magasins qui font fermer les petits commerces.
Il était tellement sensible aux inégalités que pour le vidéoclip de Bony’eu, il a embauché 140 itinérants et personnes à faible revenu comme figurants. Ce sont eux qui tiennent les lettres.
Il était aussi très fier d’être Québécois?
Oui, mais c’était une fierté qui était très inclusive. Dans Les Colocs, il y avait un guitariste autochtone anglophone et un Français qui jouait de l'harmonica. Les frères Élage et Karim Diouf, du Sénégal, se sont joints au groupe plus tard. Dédé souhaitait que le Québec devienne un pays, mais un pays ouvert sur le monde, qui accueille des gens de partout.
Une statue sur la rue principale!
Samedi, une statue de Dédé a été dévoilée à Normandin, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. C’est la ville où il a grandi. La statue a été érigée sur la rue Saint-Cyrille, la rue principale de sa fameuse chanson!
Quels mots choisirais-tu pour le décrire?
Créatif: c’était un vrai artiste. Il faisait du cinéma, de la musique, il écrivait beaucoup.
Rêveur: il rêvait d’une société plus juste. Il était très idéaliste.
Romantique: il vivait ses émotions de façon très intense.
Tu n’as jamais pu lui parler, mais si tu le pouvais, qu’est-ce que tu lui demanderais?
Plein de choses! J'en aurais assez pour 2 semaines à temps plein! Je serais curieux de savoir ce qu’il penserait des inégalités dans notre société. On aurait besoin de ses lumières pour nous brasser un peu et nous ramener aux valeurs du Québec.
Toi, qui nommerais-tu personnage historique?
