
Le gouvernement dit «non» au mot «iel»
La semaine dernière, le gouvernement du Québec a annoncé que ses employés ne pourront plus écrire les mots comme «iel» et «toustes». Ce sont des mots qui ont été créés pour éviter de privilégier un genre en particulier. On appelle ça l’écriture inclusive. Mais pour la CAQ de François Legault, mieux vaut les interdire pour éviter la confusion. On t’explique ce débat d’orthographe.
Tu as sûrement déjà entendu cette phrase dans ton cours de français: «Le masculin l’emporte sur le féminin». C’est cette règle ancienne qui fait en sorte que dans la phrase: Les 99 colombes et le cochon sont arrivés, «arrivés» doit être accordé au masculin. Eh oui, même s’il y a 1 cochon, et 99 colombes! Car le masculin l’emporte sur le féminin!
Pour plusieurs personnes, cette règle n’a plus de sens de nos jours, et le temps est venu de dépoussiérer le français. 🧹
Ça ressemble à quoi, l’écriture inclusive?
Dans les derniers 10 ans, une nouvelle façon d’écrire, qu’on appelle l’écriture inclusive, a gagné en popularité. C’est une façon d’écrire qui vise à inclure tout le monde, que ce soit les garçons, les filles ou les personnes non binaires. Cette méthode permet de mettre tout le monde sur un pied d’égalité dans les textes.
Par exemple, dans la phrase Les étudiants sont invités à jouer au soccer, on pourrait croire que les garçons uniquement sont invités. Les filles pourraient ne pas se sentir les bienvenues.
À la place, on pourrait écrire:
Les étudiant.e.s sont invité.e.s à jouer au soccer.
Ou
La population étudiante est invitée à jouer au soccer.
Ou
On invite les étudiant(e)s à jouer au soccer.
De plus, les personnes non binaires peuvent préférer qu’on les désigne avec le pronom «iel», un nouveau mot créé avec le mélange de «il» et «elle». Dans la même idée, les mots neutres «toustes» (mélange de tous et toutes) ou «froeur» (mélange de frère et sœur) ont été inventés. Cela permet à tout le monde, peu importe leur genre, de se sentir représenté dans les textes.
L’écriture inclusive est encore très récente, c’est pourquoi on retrouve toutes ces différentes possibilités: ajouter des points, des parenthèses, nouveaux mots… Les règles ne sont pas coulées dans le béton.
La décision du gouvernement
La semaine dernière, le ministre de la Langue française du Québec, Jean-François Roberge, a tranché: l’écriture inclusive est désormais interdite au sein du gouvernement. Pourquoi? À son avis, cette nouvelle façon d’écrire est trop compliquée. Certains ministères l’utilisent, d’autres pas. Et il y a trop de variantes. Tout ça crée de la confusion selon lui. Les mots comme «iel» et «toustes» doivent donc être abandonnés.
Pour M. Roberge, il est important que les documents du gouvernement soient «compris par le plus grand nombre de personnes».
Qu’est-ce que ça change?
Cette décision de la CAQ a causé la surprise, car le gouvernement n’a pas consulté la population avant d’interdire l’écriture inclusive. Et ce n’était pas un problème urgent. «Personne n’a demandé ça», a résumé la députée de Québec Solidaire Manon Massé.
Du côté des groupes LGBTQ+, ce nouveau règlement est perçu comme un recul. Sur Instagram, l’organisme Gris-Québec, qui accompagne des jeunes LGBTQ+, a écrit: «L’écriture inclusive est un outil de langage extraordinaire et nécessaire qui nous fait avancer en tant que société.»
Selon l’organisme, l’écriture inclusive permet de reconnaître l’existence de tout le monde, et de lui donner une place.
Et toi, est-ce qu’il t’arrive de voir de l’écriture inclusive? Est-ce que c’est mélangeant à ton avis? Ou tu trouves que c’est une belle attention?