
Génocide: ce mot qui fait peur
C’est la guerre dans la bande de Gaza depuis 20 mois. Mais pour beaucoup de personnes, c’est encore plus grave qu’une guerre: c’est un génocide. Ce mot crée énormément de tension en ce moment. Pourquoi? Voici quelques explications pour t’aider à comprendre.
Qu’est-ce qu’un génocide?
C’est quand un groupe essaie de faire disparaître complètement ou en partie un autre groupe, souvent à cause de son origine ou de sa religion.
Le mot a été inventé en 1944 pour parler de l’extermination des Juifs par les Nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Génocide vient de deux mots: «génos» qui veut dire famille, peuple ou groupe en grec, et «cide», qui veut dire tuer en latin.
Un rappel de ce qui se passe à Gaza
Le 7 octobre 2023, le Hamas, un groupe terroriste palestinien, a attaqué Israël. Environ 1200 personnes sont mortes. Depuis, Israël a promis de détruire le Hamas et attaque Gaza, le territoire où il se cache. Cette riposte a causé la mort de plus de 54 000 Palestiniens de Gaza, en majorité des femmes et des enfants. L’armée israélienne a bombardé des écoles, des hôpitaux et des camps de réfugiés.
Récemment, l’armée a bloqué l’entrée de nourriture et d’eau à Gaza pendant 11 semaines. La famine menace toute la population.
En mai, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déclaré que le but de la guerre est de rendre Gaza inhabitable.
Des voix s’élèvent
Pour plusieurs organisations internationales, compte tenu de ces propos et des attaques répétées contre la population, ça ne fait plus de doute. Un comité spécial de l’ONU, Médecins sans frontière et Amnistie internationale ont tous affirmé que ce qui se passe à Gaza est un génocide.
France-Isabelle Langlois, la directrice d’Amnistie internationale au Canada francophone, s’est expliquée aux As de l’info: «Pour qu’il y ait un génocide, il faut qu'il y ait une intention d’anéantir une population entière et il faut qu'il y ait des actes qui soient commis. L'intention, elle a été dite et redite par le premier ministre et plusieurs autres dirigeants d'Israël. Et en ce moment, il y a des actes qui vont dans le sens de cette intention-là.» C’est pour cela que selon elle, il est clair qu’il y a un génocide à Gaza.
Quels sont les génocides reconnus par l’ONU?
Il existe un document qui définit très clairement ce qu’est un génocide: la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. En plus de l’Holocauste (génocide des Juifs par les Nazis), l’ONU reconnait deux génocides qui ont été commis depuis 1948:
- au Rwanda (en Afrique) en 1994
- en Bosnie-Herzégovine (en Europe) en 1995
Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, a écrit: «Si on n’ose pas dire le mot juste, on laisse la violence continuer, on laisse les victimes seules face à leur sort.»
Malgré cela, le mot génocide n’est pas utilisé par nos gouvernements. Dernièrement, le Canada a critiqué les «actes honteux» d'Israël à Gaza.
C’est aussi un mot qui fait débat dans les médias. Il y a quelques jours, le journal français L’Humanité l’a imprimé à la Une, en grosses lettres sur un drapeau palestinien. Mais beaucoup le mettent entre guillemets.
Le poids d’un mot
Pourquoi tant d’hésitation pour un mot? C’est en partie parce qu’un génocide, c’est le crime le plus grave en droit international. Les pays qui dénoncent un génocide seraient obligés d’agir pour le faire cesser.
Il y a aussi la crainte de détruire ses liens avec Israël, un allié de longue date et un pays puissant. Devant les critiques, Israël rappelle le drame du 7 octobre et répète que sa sécurité est en jeu.
Finalement, c’est un mot qui renvoie à un moment très sombre de l’histoire, qui ne devait jamais se reproduire.
Mais aux As, une chose est claire: à Gaza, des enfants meurent, des enfants sont blessés, des enfants perdent leur famille, des enfants perdent leur enfance. Quel que soit le mot, ça doit cesser.
Pourquoi se chicaner pour un mot?
Dire qu’il y a un génocide, est-ce si important? Pourquoi se chicaner pour une question de vocabulaire, alors que la situation est urgente?
On a posé cette question à Gilles Abel, philosophe pour enfants et ami des As de l’info. Voici ce qu’il nous a répondu: «Les mots comptent. La vérité compte. Et parfois, c’est grâce à celles et ceux qui osent nommer ce que les autres taisent, que le monde finit par changer. Parfois, on se sent impuissant, comme si notre voix ne comptait pas. Mais il y a une chose que personne ne peut t’enlever : ta capacité à voir, à nommer, à poser des questions. Même jeune, tu as ce pouvoir.»
On te rappelle qu’une des valeurs les plus importantes pour les As, c’est le respect. On t’encourage à rester respectueux dans les mots que tu utilises, même si tu vois une opinion différente de la tienne!