Il est une fois: Les portes vers l’autre bout du monde
Frédérick Lavoie, journaliste et auteur, aime fusionner journalisme et littérature. Laisse-le te raconter un véritable récit à la manière d’un conte. Parfois, la réalité surpasse l'imaginaire!
Il est une fois à notre époque un artiste qui rêve de faire disparaître la distance entre les villes et les cultures du monde entier.
Benediktas est originaire d’un petit pays d’Europe, la Lituanie. À 34 ans, il a déjà fait beaucoup de choses dans sa vie. Il a animé des émissions de radio, écrit des livres à succès et lancé des entreprises. Cela lui a permis de devenir riche.
Malgré l’argent et le succès, il s’est toutefois longtemps senti pauvre à l’intérieur. Il avait l’impression de ne rien savoir de la vie et que la sienne n’avait aucun sens. Il était aussi très triste de constater qu’il y avait tant de guerres et de conflits sur Terre.
Il a donc voulu agir pour contribuer à rendre ce monde meilleur. C’est ainsi que lui est venue l’idée de bâtir des ponts entre des villes très éloignées les unes des autres.
Pas de vrais ponts, évidemment. Des ponts vidéos, qu’on appelle des portails, pour permettre aux gens de différentes villes et différentes cultures de se regarder dans le blanc des yeux.
Justement, les portails qu’il a construits ressemblent à un grand œil en béton, avec un écran rond au milieu. Les participants qui se placent devant voient alors en direct les habitants de l’autre ville. Et vice-versa!
Benediktas a installé ses deux premiers portails dans sa ville natale, Vilnius, et à Lublin, dans le pays voisin, la Pologne. Depuis ce temps, ces deux villes, distantes de 500 kilomètres, sont connectées l’une à l’autre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Chaque jour, chaque nuit, des centaines de personnes curieuses se retrouvent devant les portails pour danser, faire des coucous, des grimaces ou des acrobaties à des inconnus de l’autre ville. Puisque les portails ne diffusent que de la vidéo, la communication demeure entièrement visuelle. Cela empêche aussi la cacophonie et oblige à faire preuve d’imagination!
Après cette réussite, Benediktas a installé deux nouveaux portails pour connecter deux autres villes: Dublin, en Irlande, et New York, aux États-Unis. Ces deux villes se trouvent cette fois à 5 000 kilomètres l’une de l’autre. C’est si loin qu’avec le décalage horaire, quand il est midi à Dublin, il est seulement 7 heures du matin à New York.
Cette nouvelle expérience ne se passe toutefois pas aussi bien que la première.
Dès le début, des personnes se sont mises à utiliser le portail pour faire n’importe quoi, comme faire des doigts d’honneur, ou montrer leurs fesses… Certaines s’amusaient aussi à grimper sur le portail, risquant de l’endommager.
Les gestes offensants ont été commis par seulement quelques personnes. Mais parfois, les mauvaises actions d’un petit groupe suffisent pour tout chambouler. À peine 6 jours après l’ouverture des portails, les deux villes ont décidé de les éteindre, le temps de trouver une solution.
La situation a bien sûr peiné Benediktas. Mais pour se consoler, il se dit que cela fait partie de «l’aventure des portails». Tout ne peut pas toujours aller comme on le voudrait tout le temps!
Après quelques jours d’interruption, heureusement, les portails ont pu rouvrir. Pour éviter les incidents, des barrières ont été ajoutées autour des installations. Les heures d’ouverture ont aussi été limitées.
Le rêve de Benediktas d’une harmonie parfaite entre les peuples et les cultures est ainsi loin d’être une réalité. Mais il n’abandonne pas pour autant. En multipliant les portails, il espère continuer d’unir les gens à travers le monde. Ou du moins, d’essayer de les unir…!
Cette histoire est bien vraie. Un nouveau portail devrait bientôt ouvrir dans une ville du Brésil. Cette fois, l’artiste lituanien Benediktas Gylys aimerait relier le portail non pas à une seule autre ville, mais aux quatre autres du réseau, en alternance. Hop, voici New York! Et pouf, bienvenue à Vilnius! Plus il y aura de portails, plus le tour du monde sera complet!
Toi, avec quelle ville voudrais-tu te connecter par portail, et pourquoi?
Sources: The Guardian, France Culture, Libération, Go Vilnius.