Le mystère du vieux pot de yogourt
Frédérick Lavoie, journaliste et auteur, aime fusionner journalisme et littérature. Laisse-le te raconter un véritable récit à la manière d’un conte. Parfois, la réalité surpasse l'imaginaire!
Il est une fois à notre époque un pot de yogourt vide qui a fait un très long et mystérieux voyage d’un bout à l’autre de la planète.
Tout commence quand deux journalistes du Myanmar, un pays d’Asie du Sud-Est, plongent les mains dans un tas d’ordures et tombent sur un pot de yogourt écrasé.
Elles sont en train d’enquêter sur un grave problème qui touche leur pays: les dépotoirs illégaux.
Car ce pot de yogourt et les autres déchets de plastique qui forment une montagne puante se trouvent… en plein milieu d’une rue! Juste à côté, il y a des maisons, où habitent des gens!
En plus de devoir supporter la puanteur, les familles du quartier doivent zigzaguer entre les déchets pour se rendre à l’école et au travail.
Et ces gens ne peuvent même pas se plaindre de cette situation, car leur pays, le Myanmar, est dirigé par une dictature. S’ils critiquent le gouvernement, ils pourraient avoir de graves ennuis, peut-être même se retrouver en prison…
Les deux journalistes cherchent donc à savoir d’où proviennent ces déchets. Elles ont en effet remarqué parmi eux plusieurs produits qui ne s’achètent même pas au Myanmar. Elles voudraient pouvoir questionner le pot de yogourt, mais un pot de yogourt, ça ne jase pas très fort!
Heureusement, les inscriptions sur le pot sont encore lisibles. Les journalistes apprennent que ce pot contenait du délicieux yogourt aux cerises noires. L’emballage raconte aussi que ce produit a été vendu dans un pays très lointain, appelé… le Canada.
Mais pourquoi et comment ce pot a-t-il voyagé du Canada jusqu’au Myanmar, à 13 000 kilomètres de là? Mystère et cerises noires!
En fait, ce pot de yogourt est loin d’être le seul déchet voyageur. Beaucoup de déchets partent des pays riches, comme le Canada, à destination de pays plus pauvres, comme le Myanmar. En théorie, ils sont transportés là-bas pour être recyclés dans une usine spécialisée.
Selon les règles, le Canada peut envoyer des déchets vers des pays comme le Myanmar, mais seulement s’ils sont propres, c’est-à-dire qu’ils ont déjà été nettoyés et peuvent facilement être recyclés.
Ce n’était clairement pas le cas de ce pot de yogourt. C’est pourquoi les usines de recyclage du Myanmar l’ont rejeté et qu’il s’est retrouvé dans la rue.
Alors, qui est responsable de ce désastre? Les compagnies qui envoient des déchets de plastique d’un bout à l’autre de la planète sans respecter les règles? Les gouvernements qui ne punissent pas ces compagnies? Ou les personnes qui ne lavent pas leurs pots de yogourt vides?
Qu’en penses-tu, toi?
Les dépotoirs illégaux sont un vrai problème au Myanmar, en particulier dans la banlieue de Rangoon, la plus grande ville du pays. Quand ces quartiers ont été construits, plusieurs parcs devaient être aménagés. Ces espaces verts ont plutôt été utilisés par les recycleurs pour jeter les déchets venus d’autres pays jugés trop compliqués à nettoyer. Selon les gens qui veulent interdire le commerce des déchets en plastique, le Canada et les autres pays riches sont les principaux responsables de cette situation, car ils sont contents de pouvoir refiler leurs ordures à d’autres pays moins fortunés.
Sources: La Presse canadienne, Lighthouse Reports et Frontier Myanmar.