Sur le terrain, avec les réfugiés palestiniens
Mathieu Carbasse est journaliste au Devoir. Il revient tout juste d’un reportage en Égypte, où il a rencontré des familles qui ont fui la guerre à Gaza. Un an après le début de ce terrible conflit qui a éclaté le 7 octobre 2023, il nous raconte son expérience.
Mathieu, pourquoi es-tu allé en Égypte?
Près de 120 000 Palestiniens ont réussi à fuir la guerre en se sauvant en Égypte, le seul pays qui les a acceptés. Je voulais savoir ce que ces gens sont devenus et comment ils reconstruisent leur vie.
Où vivent les réfugiés?
Il n'y a pas de camps de réfugiés en Égypte. La plupart vivent au Caire, la capitale, une immense ville qui compte 21 millions d’habitants. Ils habitent dans des appartements ou ils sont hébergés par des membres de leur famille. La population égyptienne est vraiment très accueillante.
Tu as rencontré des réfugiés. Que t’ont-ils dit de leur vie?
C’est difficile pour eux parce qu’ils n’ont pas de statut. C’est-à-dire qu'ils ne sont pas reconnus comme des réfugiés ou des immigrants par le gouvernement. Ils ne peuvent donc pas travailler, envoyer leurs enfants à l’école ou se faire soigner. Ils vivent dans l’attente de savoir ce qui va leur arriver. Ce qui est ancré chez eux, c’est le désir de retourner à Gaza.
Comment vont les enfants?
Ils s’ennuient. C'est très dur pour eux de ne pas aller à l'école. Une mère m'a dit que son garçon de 8 ans détestait l’école à Gaza. Pourtant, il lui a dit qu’il voulait rentrer là-bas, même si c'est la guerre. Surtout, il veut retourner à l'école.
Tu as aussi fait des reportages en Ukraine. Pourquoi t’intéresses-tu à la guerre?
Il faut des journalistes pour couvrir ces événements-là de l'intérieur, pour raconter l'histoire des familles. Par contre, j’ai mes limites. Je ne vais pas dans les zones de combat.
C’est comment, de revenir à la maison après?
Au début, j’écris beaucoup. Comme maintenant, c’est comme si j'étais encore un peu en Égypte. Et après, je prends du recul. Je passe du temps avec ma blonde, mes deux filles, je recharge mes batteries et je mesure la chance qu’on a.
Pourquoi c’est important de s’informer sur la guerre?
C’est essentiel, ne serait-ce que pour comprendre le monde dans lequel on vit. S'informer, ça permet aussi, parfois, de faire tomber certains préjugés, et de développer un peu plus de tolérance envers les autres.
Cela fait 1 an que la guerre a éclaté à Gaza. Avez-vous discuté de la guerre aujourd'hui, avec tes parents ou en classe?