Une course inoubliable dans les ruines d'Ukraine
Dimanche dernier, Anne-Lise Nadeau a vécu deux premières. Elle a couru un marathon dans les rues en ruines d’Irpin en Ukraine. Puis elle a passé la nuit à écouter les sirènes et les explosions causées par des missiles russes. Qu'est-ce que la Québécoise faisait dans ce pays en guerre? J’ai eu la chance de lui poser la question, mais d’abord, elle avait un petit mot pour toi!
Dans ses temps libres, Anne-Lise Nadeau court. Beaucoup et looooooogtemps. La comédienne (elle joue parfois dans STAT!) et maman de trois enfants est ce qu’on appelle une ultramarathonienne. Cela veut dire qu’elle fait des courses plus longues qu’un marathon normal de «juste» 42 kilomètres (!).
Qu’est-ce que tu es allée faire exactement en Ukraine?
Je suis allée dans la région de Kharkiv pour aider un organisme appelé ReliefAif à distribuer des matériaux de construction à des personnes dont les maisons ont été détruites par la guerre.
Les Ukrainiens étaient contents de vous voir arriver?
Oui! Ça se voyait dans leurs yeux. Et ils sont aussi très solidaires les uns envers les autres. Le maire du village a travaillé toute la journée à transporter des poches de ciment très lourdes. J’ai passé l’après-midi avec un groupe de femmes de tous les âges à déplacer des matériaux. Elles n’avaient pas peur de travailler fort physiquement. C'était vraiment beau à voir!
Parle-moi du marathon que tu as couru dimanche.
C’est ReliefAid qui a créé le marathon avec un club de course d'Irpin. Des étrangers et des Ukrainiens ont participé. De les voir s’intéresser à notre course malgré la guerre… c'était irréel. Pendant le trajet du marathon, j’ai pu voir des bâtiments qui ont été reconstruits et d’autres qui étaient encore endommagés. Ils sont forts, les Ukrainiens, ils veulent rebâtir, ils veulent vivre normalement.
La guerre entre l’Ukraine et la Russie n’est pas finie. Tu as vécu une nuit marquante…
J’étais de retour à Kyiv dimanche soir et pendant la nuit, il y a eu des sirènes d’alerte. Il y en a souvent en Ukraine. Puis j’ai entendu des explosions. J’ai eu peur. On n’a jamais vécu ça au Québec. Les murs vibraient. Je suis allée réveiller un des membres de ReliefAid pour demander ce qu’il fallait faire. Il m'a répondu: «Retourne dans ton lit. C'est la défense aérienne. Ils tirent probablement sur des missiles ou des drones qui sont en plein vol.»
Les Ukrainiens, eux, vivent avec ça, les attaques et les sirènes! La phrase que j'ai entendue le plus souvent c’est: «On est habitué, ça fait plus que 2 ans que c'est comme ça.»
Ça doit être difficile de vivre comme ça?
Oui. Il y a un couvre-feu tous les soirs, de minuit à 5h du matin. Il n’y a pas d'électricité une bonne partie de la journée parce que les centrales électriques ont été endommagées par des missiles. Ce qui est frappant quand on arrive à Kyiv, c’est le bruit des génératrices. Il y en a partout. On s’entend à peine sur les trottoirs.
Est-ce que ta famille était inquiète que tu partes pour l’Ukraine?
Oui! Ils ont tellement hâte que je revienne. Au moins, j'avais Internet et j’ai pu leur donner des nouvelles vraiment souvent.
Qu’est-ce que tu vas rapporter dans ton cœur? Qu’est-ce qui t’a marquée?
Deux mots me viennent en tête: résilience et sécurité. Les Ukrainiens sont tellement résilients! Ils veulent vivre une vie normale. Dans les villes, on revoit des petites familles. Il y a plus de femmes et d'enfants qu’avant. Ils étaient partis, mais ils reviennent.
Pour la sécurité: mon doudou qu'on est chanceux de pouvoir aller au lit le soir et de savoir que ça va bien aller! Ce sont deux mots qui résonnent très fort en moi maintenant. Je ne les verrai plus jamais comme avant.
Anne-Lise a quitté l’Ukraine ce mercredi. On lui souhaite de belles retrouvailles avec sa famille!
Toi, aurais-tu le courage d'aller dans un pays en guerre? Qu'aimerais-tu dire ou demander à Anne-Lise?