
La famille qui voulait un chez soi
Frédérick Lavoie, journaliste et auteur, aime fusionner journalisme et littérature. Laisse-le te raconter un véritable récit à la manière d’un conte. Parfois, la réalité surpasse l'imaginaire!
Il est une fois à notre époque une famille peu commune qui cherchait un endroit sur Terre où elle pourrait enfin être unie et en sécurité.
Tout commence il y a une quinzaine d’années… sur Internet. Arlyn et David se rencontrent en ligne et tombent follement amoureux.
Il y a toutefois un petit problème: Arlyn habite aux Philippines, un pays d’Asie du Sud-Est, et David au Nigéria, en Afrique de l’Ouest. Plus de 12 000 kilomètres les séparent! C’est la même distance qu’entre le Québec et la Chine!
Mais leur amour est très fort malgré la distance. Parfois, David se rend aux Philippines pour voir son amoureuse. D’autres fois, c’est Arlyn qui vient le visiter au Nigéria.
Jusqu’au jour où Arlyn donne naissance à une petite fille appelée Kaela.
Les nouveaux parents décident alors de s’installer aux Philippines. Mais pas pour très longtemps. Car David et la petite Kaela y sont victimes de racisme en raison de leur peau noire.
La famille déménage donc au pays du papa, le Nigéria, où naît un petit garçon prénommé Bradley. Malheureusement, ce pays n’est pas non plus très accueillant pour les familles multiethniques comme la leur. Puisque la maman est étrangère, plusieurs pensent que le couple doit être très très riche!
La famille commence alors à être harcelée pour de l’argent. Un jour, des criminels tentent même de kidnapper Kaela et Bradley à leur sortie de l’école! Heureusement, ils échouent!
Pour échapper à ces menaces, Arlyn et David décident de traverser un autre océan avec leurs enfants. Cette fois, la famille se retrouve aux États-Unis. C’est là que naît le petit dernier, un garçon appelé Carlsen.

Mais après quelques mois dans ce pays, le papa et la maman réalisent qu’ils ont commis une erreur. Pour avoir le droit d’habiter là, ils auraient dû demander la permission il y a bien longtemps!
Tout le monde doit alors de nouveau faire sa valise. Cette fois, ils aboutissent au Canada. Les parents demandent le statut de réfugié et la famille s’installe dans une petite ville du nom de Trois-Rivières.
Rapidement, le papa et la maman trouvent du travail. Les enfants, eux, vont à l’école comme tous les enfants. En un rien de temps, Kaela, Bradley et Carlsen apprennent la langue de leur nouveau pays, le français.
«Enfin, un endroit sur Terre où l’on peut vivre en paix!» se disent les membres de la famille.
Mais quelques mois plus tard, une mauvaise nouvelle survient. Leur demande de refuge est refusée. Selon les autorités, la sécurité de la famille n’est pas assez menacée pour qu’elle obtienne l’asile au Canada.
On exige que la famille quitte le territoire canadien. Mais pour aller où?! C’est bien ça le problème. Car la maman et les deux premiers enfants possèdent un passeport des Philippines, alors que Carlsen et le papa ont celui du Nigeria.
Les membres de la famille risquent donc d’être expulsés vers deux pays différents!!! Vers deux continents différents, même!!!

À la dernière minute, un juge décide que Carlsen pourra rester avec sa maman, son frère et sa sœur. Mais le papa, lui, doit retourner seul au Nigéria.
Des mois plus tard, la famille reçoit enfin une bonne nouvelle. La mère et les trois enfants n’auront pas à repartir vers les Philippines! Ils pourront rester au Québec!
Jusqu’à ce jour, la maman et les trois enfants attendent toujours le retour du papa, encore coincé au Nigeria. Ce sera sûrement la fête à Trois-Rivières lorsque David pourra enfin revenir au Canada!
Cette histoire vraie est celle de la famille Ajibade-Huilar. Elle était réellement menacée d’expulsion dans deux pays différents. Or, en juillet dernier, le gouvernement canadien est revenu sur sa décision pour des raisons humanitaires. La famille espère bientôt le retour de David afin de poursuivre sa vie à Trois-Rivières sans plus jamais risquer d’être séparée
D'après des articles de et de CBC