Un journaliste nous raconte la fois où il s’est retrouvé en prison 😮
Frédérick Lavoie est un journaliste québécois qui s’intéresse à tout ce qui se passe dans le monde. Il a réalisé de nombreux reportages, qu’on peut lire notamment dans le journal Le Quotidien, et il a écrit quatre livres. La liberté de la presse est un sujet très important pour lui, entre autres car il s’est déjà retrouvé derrière les barreaux pour avoir simplement fait son métier!
Il travaille maintenant en Inde, où il y a aussi des obstacles à la liberté de la presse. Il nous parle de ces défis.
Pourquoi avez-vous choisi de faire du journalisme en Inde?
J’ai travaillé dans plusieurs autres pays avant, dont en Russie pendant quatre ans. J’ai choisi d’habiter en Inde, parce que j’avais envie d’aller à un endroit où les façons de penser et les façons de faire étaient très différentes de celles que je connaissais déjà. Je voulais vraiment être confronté à d’autres visions du monde que la mienne.
Ça fait une dizaine d’années que je vis en Inde et encore aujourd’hui il y a plein de choses que je ne comprends pas et que je découvre tous les jours! Il y a tellement de langues, de cultures et de religions différentes!
Quelles difficultés vivent les journalistes en Inde?
Il y a beaucoup de menaces à la liberté de la presse. Par exemple, il est impossible pour les journalistes étrangers comme moi de se rendre dans certaines régions de l’Inde, comme au Cachemire. De plus, le gouvernement indien ne répond pas aux questions des journalistes. En neuf ans, le premier ministre Narendra Modi n’a jamais donné de conférence de presse.
En 2006, votre travail de journaliste vous a mené en prison. Que s’est-il passé?
J’étais en Biélorussie et je faisais des reportages sur des jeunes qui manifestaient contre le gouvernement. Ils campaient dans la capitale du pays pour dénoncer des élections qu’ils jugeaient frauduleuses. Ça veut dire qu’ils pensaient que le président avait changé le résultat du vote. J’avais passé la nuit sur place à parler avec ces jeunes. Après quelques jours, la manifestation a été déclarée illégale et je me suis fait arrêter avec les manifestants. J’ai reçu une sentence de 15 jours de prison.
Aviez-vous peur?
J’ai eu peur au moment de l’arrestation. Après ça, je n’avais plus peur. Il n’y avait pas de violence en prison, même si ce n’était pas agréable. Heureusement, je vois toujours le bon côté des choses. Là, je voyais l’intérieur d'une prison biélorusse… Pour un journaliste, c'est toujours intéressant d’avoir accès à des choses comme ça!
Est-ce qu’il y a des obstacles à la liberté de la presse au Québec?
Je pense que les plus gros obstacles sont à l’intérieur de nous-mêmes. Parfois, on a tendance à voir seulement ce qui nous ressemble. Pour des journalistes, qui gagnent un bon salaire, ça peut être difficile de se mettre dans la peau de gens plus pauvres ou de gens plus riches, ou de gens qui viennent d’autres cultures… Il y a très peu d’immigrants dans les salles de rédaction au Québec.
Pourquoi est-ce essentiel, la liberté de la presse?
C’est essentiel parce que sans liberté de presse, on n’est pas capable de regarder la réalité dans le blanc des yeux. Si on croit des mensonges, si on ne peut pas s’exprimer librement, si on ne peut pas montrer les défauts du pouvoir, ça donne des sociétés qui vivent dans la peur et qui n’osent pas changer.
Nous avons légèrement raccourci les réponses de Frédérick pour que ce texte ne soit pas trop long! Merci Frédérick!