
Il est une fois: Le prof de Gaza qui chante avec les drones
Frédérick Lavoie, journaliste et auteur, aime fusionner journalisme et littérature. Laisse-le te raconter un véritable récit à la manière d’un conte. Parfois, la réalité surpasse l'imaginaire!
Il est une fois à notre époque un professeur de musique qui transforme le bruit de la guerre en mélodie.
Durant des années, Ahmed a enseigné la guitare dans une école de musique. Puis, un jour, les bombes ont commencé à pleuvoir sur sa ville, et sur toute sa région.
Ahmed a déjà connu des guerres par le passé. Mais celle-ci est de loin la plus brutale et la plus difficile qu’il ait jamais vécue.
Pour échapper aux bombes, il a dû fuir sa maison, comme près de 2 millions de ses semblables, pour aller habiter dans une tente, dans un camp pour personnes déplacées.
Mais puisque la guerre ne cesse d’avancer et de les menacer, il doit constamment déménager dans un nouveau camp. En quelques mois, il en a connu au moins 11. Tellement qu’il a arrêté de compter.
Et dans chaque camp, c’est la même chose: l’hiver, il fait trop froid, l’été il fait trop chaud. Il faut faire la file pour recevoir de la nourriture, pour remplir des bidons d’eau potable, pour aller aux toilettes.
Mais Ahmed n’est pas du genre à perdre espoir. Au contraire, il aime le semer autour de lui. Il sait que son école a été démolie, alors il a décidé donner des cours de musique directement aux enfants des camps.
Ahmed n’est pas magicien. Il ne peut pas faire disparaître la guerre. Mais il a compris qu’il peut au moins aider les enfants à l’oublier pendant une heure ou deux, en se concentrant sur leur instrument.
Ahmed a voulu continuer de répandre l’espoir et la beauté encore davantage. Avec ses meilleurs élèves, il a formé un groupe, Les oiseaux chantants de Gaza. Ensemble, ils vont d’un camp de déplacés à l’autre pour divertir les foules!
Un jour, Ahmed a eu une autre idée géniale. Comme lui, ses élèves avaient constamment mal à la tête à force d’entendre le bourdonnement des drones de l’armée adverse qui survolent les camps nuit et jour. Ça rend tout le monde fou!
Mais en tendant l’oreille à ces petits avions-espions téléguidés, Ahmed a soudainement entendu autre chose qu’un bruit: il a entendu une note de musique. Un la! Comme au début d’une chanson. Et en arabe, il s’est mis à chanter: «Continue, continue, chamelier, continue! Que Dieu te protège!»
Puis, empoignant sa guitare, il a invité ses élèves à l’accompagner, jusqu’à ce que les drones ne soient plus qu’un instrument de l’orchestre parmi d’autres!.
Et c’est ainsi qu’Ahmed a transformé le son de la guerre en un refrain d’espoir.
Cette histoire est tout à fait vraie! Ahmed Abu Amsha était professeur au Conservatoire national de musique de Gaza, jusqu’à ce que la guerre frappe ce territoire palestinien en octobre 2023. Depuis, il doit sans cesse déménager d’un camp à un autre, d’une tente à une autre, avec sa famille, qui survit dans des conditions de plus en plus difficiles. Mais avec son groupe de jeunes musiciens, Gaza Singing Birds (Les oiseaux chantants de Gaza), Ahmed rend la vie des victimes de la guerre un peu moins lourde, un peu plus mélodieuse. Les vidéos du groupe ont été vues à travers le monde, où ils ont aussi répandu l’espoir.
Sources: UN News, Al Jazeera, Reuters