
Bloquer des routes pour protéger la forêt
Depuis le début de l’été, au Québec, des militants autochtones manifestent et bloquent des routes. Pourquoi? Ils sont opposés à un projet de loi touchant les forêts. Pour comprendre leurs revendications, j’ai parlé avec Guy Paul, un Innu de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean. Il est le porte-parole de Mamo, le groupe autochtone qui mène ces actions. Je t’explique tout ici!
À quoi s’opposent-ils?
En avril, le gouvernement de la CAQ a présenté le projet de loi 97, pour moderniser la gestion des forêts. Si ce projet de loi est adopté, il y aura plus de coupes d’arbres, et une grande portion des forêts du Québec sera cédée aux industries forestières. Pour beaucoup de gens, dont des communautés autochtones, c’est une mauvaise idée.
Avec son groupe Mamo, Guy Paul a décidé de passer à l’action. En plus de bloquer des routes pour signifier leur mécontentement, ils empêchent les coupes d’arbres. Comment?
«On va voir les gens sur le terrain. S'il y en a qui travaillent, on leur fait signe d’arrêter, on leur explique. S'ils ne veulent pas, on se met devant eux pour leur faire comprendre qu’il faut qu’ils partent», explique-t-il.
Leur mission? «Sortir les gens de la forêt». Depuis mai, ils sont parvenus à retirer 61 machineries utilisées pour abattre les arbres.

Une coupe à blanc en Gaspésie. Cela signifie que tous les arbres d’un secteur ont été coupés.
Et ce n’est pas seulement des autochtones qui participent. Des militants de toutes origines, venus d’un peu partout au Québec, se joignent à eux pour protéger la forêt.
Ils ont un objectif clair: «Nous, ce qu’on aimerait, c’est faire tomber complètement le projet de loi 97». Guy Paul et son groupe espèrent pouvoir parler au gouvernement, être consultés et pris au sérieux dans les décisions concernant leurs territoires.
«Quand on défend le territoire, on défend nos droits à tous», ajoute-t-il.

L’industrie forestière coupe des arbres pour le transformer en planches pour la construction, par exemple.
Sur le terrain pour la forêt
J’ai demandé à Guy Paul pourquoi il milite si activement contre le projet 97. «Si la loi entre en vigueur, nous n’aurons plus aucun droit sur nos territoires, plus de droit de parole sur les coupes forestières», m’a-t-il dit.
Tu te demandes peut-être pourquoi Guy Paul parle de leurs territoires? C’est parce que ces groupes autochtones vivent depuis toujours sur des terres qu’on appelle «non cédées». Cela veut dire que leurs ancêtres n’ont jamais signé de traité pour donner ou vendre ces terres au gouvernement. Ce sont des territoires ancestraux, transmis de génération en génération.
Leur lutte, non violente, vise aussi à préserver l’environnement, à garder la forêt en vie et saine pour tous.
«On le fait pour les générations futures. Pas seulement pour les autochtones, mais pour tous ceux qui occupent le territoire», dit-il.
Et toi, que penses-tu de leur stratégie? Est-ce une bonne façon de se faire entendre?