Il est une fois: Le pigeon qui n’était pas un espion
Frédérick Lavoie, journaliste et auteur, aime fusionner journalisme et littérature. Laisse-le te raconter un véritable récit à la manière d’un conte. Parfois, la réalité surpasse l'imaginaire!
Il est une fois à notre époque un pigeon injustement emprisonné pour espionnage.
Tout commence dans un port de l’Inde, quand un gardien de sécurité remarque un drôle d’oiseau en train de rôder près de bateaux de transport.
Autour de ses pattes, le pigeon porte des bagues, dont l’une est munie d’une micropuce. Mais ce qui rend vraiment le gardien suspicieux, c’est l’inscription sur ses ailes, qui semble être un message en caractères chinois.
L’Inde et la Chine n’ont pas de très bonnes relations. Ce pigeon est peut-être un espion au service de la Chine, se dit le gardien.
Alerte rouge!
Des policiers viennent arrêter le pigeon. Ils lui enlèvent ses bagues et les envoient dans un laboratoire pour qu’elles soient analysées.
Les policiers sont toutefois bien embêtés. Les cellules d’un poste de police ne sont pas conçues pour garder en captivité des oiseaux, seulement des humains! Que faire de ce suspect à plumes?!
Les policiers emmènent le pigeon dans le seul hôpital vétérinaire de la ville et demandent qu’il soit détenu dans une cage et surveillé de près, le temps de l’enquête.
Mais cela n’est pas si simple. Le nombre de cages est limité à l’hôpital. Et puisque le suspect est en parfaite santé, il ne peut pas être mis dans la même cage que les oiseaux malades. Ceux-ci risqueraient de le contaminer.
Il faut donc lui réserver une grande cage et entasser les oiseaux malades dans les autres cages.
Cela complique beaucoup le travail du personnel de l’hôpital, mais il faut respecter les ordres de la police. Cet oiseau est peut-être une menace à la sécurité nationale!
Le temps passe.
Les résultats de l’analyse en laboratoire indiquent finalement que le suspect est fort probablement un pigeon entraîné pour participer à des courses (oui oui, ça existe!) et originaire de Taïwan. On croit qu’il aurait embarqué par erreur à bord d’un bateau en partance pour l’Inde.
La police accepte cette version et ferme l’enquête. Mais… elle oublie d’en informer l’hôpital vétérinaire.
Même s’il est innocent, le pigeon demeure donc en détention!
Le personnel de l’hôpital envoie régulièrement des lettres à la police pour savoir quoi faire du pigeon. Mais ces lettres demeurent sans réponse. Et en l’absence d’une autorisation officielle de la police, les vétérinaires n’osent pas libérer l’oiseau.
Au bout de huit mois, une organisation de défense des droits des animaux contacte un journal pour dénoncer l’emprisonnement injuste du pigeon.
C’est à ce moment que la police se rend compte qu’elle avait complètement oublié ce pigeon suspect. Elle donne alors l’autorisation à l’hôpital vétérinaire de le libérer.
LIBERTÉ!
Cette libération n’est cependant peut-être pas la fin de l’aventure pour ce pigeon, maintenant seul en ciel étranger…
Après ces longs mois de prison, saura-t-il retrouver sa route jusque chez lui, à des milliers de kilomètres de l’Inde?
Cette histoire est bien vraie! Dans ce cas-ci, le pigeon intercepté dans l’un des ports de Mumbai en Inde en mai 2023 était innocent. Mais cela n’a pas toujours été le cas! En fait, les pigeons ont souvent été utilisés comme espions au cours de l’histoire. Durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) par exemple, de petites caméras étaient attachées aux pattes des pigeons pour photographier le territoire ennemi. Ils transportaient aussi des messages d’un côté et de l’autre de la ligne de front. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies disponibles, comme les drones, la plupart des pigeons espions sont au chômage.
À ton avis, quel autre animal ferait un bon espion?
Sources: Hindustan Times, Indian Express, New York Times.